Louis Brauquier (1900 – 1976) : Attentes
Attentes
L’homme qui se guette au portillon de la gare,
Et n’arrive jamais.
Il reviendra demain.
*
L’homme qui croit qu’il est en prison,
et s’attend
Dehors, sur le trottoir et la fin de sa peine
*
L’homme, dans son imperméable sous la pluie,
Qui se tient à l’abri de l’auvent du hangar,
Sur le quai où vient d’accoster le grand navire,
Et surveille la coupée d’où il doit descendre.
*
L’homme invisible qui prend une ombre en filature,
Et n’arrête à la fin que son complice obscur.
Coups de feu échangés, et l’ombre tombe morte ;
Petite flaque grise que dilue la pluie.
*
Un homme qui refuse de se reconnaître
Dans les vitrines, et repart à sa recherche
*
Un homme qui, lassé de ne pas se trouver,
S’invente comme il peut, en désespoir de cause.
(...)
In, "La Nouvelle Revue Française, N° 280, avril 1976"
Editions Gallimard, 1976
Du même auteur :
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