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Le bar à poèmes
12 juin 2024

Wisława Szymborska (1923 – 2012) : La première photographie d’Hitler / Pierwsza fotografia_Hitlera

fot.PAP/Andrzej Żak

 

La première photographie d’Hitler

 


Qui est-ce, ce petit en veston ?

Mais c’est le petit Adolphe, le fils de la famille Hitler !

Il deviendra peut-être docteur en droit ?

Ou bien ténor à l’Opéra de Vienne ?

A qui est cette menotte, cette oreille mignonne ?

A qui ce petit ventre plein de lait, on ne sait pas encore :

à un imprimeur, un conseiller, un marchand, un prêtre ?

Où iront ces charmants petons, où ?

Au jardin, à l’école, au bureau, au mariage

peut-être avec la fille du maire ?


Oh mon bébé, mon ange, ma petite chose, mon agneau

quand il y a un an il est venu au monde,

il ne manquait pas de signes dans le ciel et sur terre :

le oleil printanier, les géraniums aux fenêtres,

l’orgue de barbarie dans la cour,

une prédiction de bon augure dans un papier rose,

juste avant l’accouchement le rêve prophétique de la mère :

voir une colombe en rêve — heureuse nouvelle

l’attraper — l’hôte longtemps attendu arrivera.

Toc toc, qui est là, c’est le petit cœur d ’Adolphe qui bat.


La tétine, la couche, le bavoir, le hochet

l’enfant, grâce à dieu, va bien,

il ressemble aux parents, au chat dans son panier,

aux enfants de tous les autres albums de famille.

Mais non, on ne va pas pleurer maintenant

monsieur le photographe sous son drap noir va faire clic-clac.


Atelier Klinger, Grabenstrasse Braunen,

Braunen c’est une ville petite mais respectable,

des artisans sérieux, des voisins honnêtes,

l’odeur de la pâte à gâteau et le savon noir.

On n ’entend pas les hurlements des chiens ni les pas du destin.

Le prof d ’histoire desserre son col

et bâille penché sur les cahiers.

 


Traduit du polonais par Isabelle Macor-Filarska

Revue Po&sie, N°62, 1992

Editions Belin,1992

De la même autrice :

Une voix dans la discussion sur la pornographie / Głos w sprawie pornografii (14/06/2014)

Haine / Nienawiść (12/06/2015)

Monologue pour Cassandre / Monolog dla Kasandry (12/06/2016)

Psaume / Psalm (12/06/2017)

Impressions théâtrales / Wrażenia z teatru (12/06/2018)

Ca va sans titre / Może być bez tytułu (12/06/2019)

 La femme de Loth /Żona Lota (12/06/2020)

Prêt-à-vivre / Życie na poczekaniu.(12/06/2021)

Le terroriste, il regarde / Terrorysta, on patrzy.(12/06/2022)

Fin et début / Koniec I początec (12/06/2023)

 

Pierwsza_fotografia_Hitlera

 

A któż to jest ten dzidziuś w kaftaniku?

Toż to mały Adolfek, syn państwa Hitlerów!

Może wyrośnie na doktora praw?

Albo będzie tenorem w operze wiedeńskiej?

Czyja to rączka, czyja, uszko, oczko, nosek?

Czyj brzuszek pełen mleka, nie wiadomo jeszcze:

drukarza, konsyliarza, kupca, księdza?

Dokąd te śmieszne nóżki zawędrują, dokąd?

Do ogródka, do szkoły, do biura, na ślub

może z córką burmistrza?

 

Bobo, aniołek, kruszyna, promyczek,

kiedy rok temu przychodził na świat,

nie brakło znaków na niebie i ziemi:

wiosenne słońce, w oknach pelargonie,

muzyka katarynki na podwórku,

pomyślna wróżba w bibułce różowej,

tuż przed porodem proroczy sen matki:

gołąbka we śnie widać – radosna nowina,

tegoż schwytać – przybędzie gość długo czekany.

Puk, puk, kto tam, to stuka serduszko Adolfka.

 

Smoczek, pieluszka, śliniaczek, grzechotka,

chłopczyna, chwalić Boga i odpukać zdrów,

podobny do rodziców, do kotka w koszyku,

do dzieci z wszystkich innych rodzinnych albumów.

No, nie będziemy chyba teraz płakać,

pan fotograf pod czarną płachtą zrobi pstryk.

 

Atelier Klinger, Grabenstrasse Braunau,

a Braunau to niewielkie, ale godne miasto,

solidne firmy, poczciwi sąsiedzi,

woń ciasta drożdżowego i szarego mydła.

Nie słychać wycia psów i kroków przeznaczenia.

Nauczyciel historii rozluźnia kołnierzyk

i ziewa nad zeszytami.

 

Poème précédent en polonais :

Wisława Szymborska : Fin et début / Koniec I początec (12/06/2023)

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