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Le bar à poèmes
8 juin 2024

Franck Gourdien (19 ? -) : là où l’ombre mûrit (l’inachevable)

 

Crédits : M115A / Le Télégramme

 

Là où l’ombre mûrit (l’inachevable)

 

Vois dans l’ombre

la lumière

à l’ombre la lumière pense

à l’ombre où peut-être se mûrit

un secret.

Là où se mûrirait encore une fois

ce dont la lettre ne porte trace

ou bien de glace     l’écho

de l’immatériel      - quelle lettre ?

écho ou bien cendre d’un Oui interminable

cendre ou bien la clé soluble, cette lettre qui nous survit

la clé soluble d’un Oui hors de portée

de jadis à demain

                               nous aura dépassés.

De ce don qu’en demeure-t-il

                                                       en son nom oublié ?

Présent qui n’en dit plus.

Distinct le mot coupé fétu du vaste incendie

scorie de l’incendie merveille

lorsque les noms du secret qui ne cessera de mûrir

de se succéder n’auront cessé, cesseront...

 

Tu vois, écoute

le sans-nom, l’innommé

qu’une fois à peine si mal nommé s’enfuit

s’en retourne

la force sourde du secret.

Ecoute la profondeur de l’air

douce où s’éploie la gravité

l’ombre écoute.

Ce que la rumeur lointaine est à l’ouïe

l’ombre l’est à vue

là où le silence se pense...

Ce qui se couche, s’étend

 - de la nuit ce morceau, cette flamme pénombre –

là où la lumière se pense

à l’ombre de sa venue.

Empoigneras-tu l’ombre ?

Attoucheras-tu la lumière ?

Avant le trait, l’ombre à tes pieds dessinait

à portée des mains qui tremblaient – les profils

depuis le regard des grottes sur le paysage

elles ne s’ouvraient déjà

l’ombre vient lentement pousser

pousser de la roche la saillie, mûrir

mûrir, le fruit de la nuit

pousser le jour à la vitesse d’un géant olivier

- cyclopéen.

 

Ecoute, une saison du regard

longues sont l’ombre     la patience à son aune

 ... pourtant, pourtant...

regarde, s’étirer ce grondement

si lointaine ligne déjà                          cendre blanche dans le vernis d’azur   

- pourtant.

Pourtant ce qui échappe et, durant, boucle...

qui ce malade peut-être d’une maladie sans nom

comme c’était simple pourtant

entends-tu du ciel ce craquement

et cette roue derrière ? écoute

derrière le mur de pierres

sur le gravier s’estompe

ou bien quelle que soit la senteur

nous amarre à son ancre

l’étendue – à l’arrêt retient plonge

sans préméditation

Présent qui n’en dirait guère plus... ?

Pourtant.

 

Présent ce nom l’est-il ? ...     y habite ?

bien nommé si l’on dit, bienvenu... ?

or la nature     morte nommée ?

regarde     son nom

aussi mal que l’inépuisable force traquée

du secret                 à son inachevable pensée.

A l’ombre où la lumière se pense

devance ou la lumière           à l’ombre

hors mesure : l’Incommensurable cette fois nommé.

Songe à cette langue inconnue

dont fuient les noms encore

nous habitent-ils oubliés

rêve logos où se nomme

lumière décliné au nom de la couleur

ce prisme découvert à la déclinaison des noms...

depuis l’autre habitat, de l’habitat des noms.

 

Alors neuves nos maisons où l’orpheline lumière

sans recoin où clair-obscur perdu

- depuis lors l’Incommensurable

                                                                 secret –

la lumière sur le plan est piégée.

- Où l’enfance se cachera-t-elle ?

                                                                 sans profondeur ni pénombre...

Sur la façade déserte, là où l’ombre fut plantée

sans corne ni palme – sans offrande

l’ombre fut clouée

telle au centre d’une lune postiche

et prisonnière de son stylet

au nœud des nombres

sans fuite l’ombre tournoie

boucle après boucle d’un disque nu.

Depuis obnubilés toupillons-nous à son aune.

la maladie, tu sais – N’époque !

 

                                Cherchons-nous ?

                                du jour à la nuit

                                nul but ni projet

                                mais une finalité – à l’aune ?

                                - à l’aune exacte de la mort

                                qui cependant se voudrait écartée, n’être pas

                                pourtant cette senteur nous amarre...

                                le laps d’un cri -  pourtant

                                c’était si simple mais

 

je l’ai dit, le secret oublié

suit de si près son nom.

Qui rêve encore que sa pensée - la maladie ?

s’unisse au nom du Temps.

 

 

In, Revue « La barque dans l’arbre, N°3, Automne-Hiver 2019-2020 »

Editions La Barque, 2019

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