André Pieyre de Mandiargues (1909 – 1991) : Le plaisir et les artifices
André Pieyre de Mandiargues peint par sa femme Bona
Le plaisir et les artifices
Plus vivement qu’aux billes
Va la main aux jeux des boutons
Des boutonnières des bretelles
Des rubans fous et des épingles
Ongles et soie dents et dentelle
Le jeu ne ralentira pas
Qu’il n’ait mis nue de la nuque en bas
La myrmidonne enamourée
Pour l’armer mieux par le lis
Et l’œillet noir de son dénuement
Que par les nœuds de l’or ou de l’acier.
Croit gagner qui joue l’homme
Et joue et se perdra
Mais l’autre gagne au jeu
Souvent
Qui joue la morte.
Bel œil lié de rets humides
Où se liera le rétiaire
S’il ne prend garde.
Miroir appesanti de la chaîne du temps
Jetée au cou du vainqueur illusoire
Coulée à fond d’abîme au premier battement
Au premier déclin des paupières
Niant l’image où l’égaré s’admire.
Vannerie de caresses feuillue
Vertes comme l’arbre
Eparpillées tout à l’entour
D’une fausse statue et de son sommeil feint
Sous le tremblant entrelac des doigts chauds
Le bourdon l’abeille flèches de l’été
Sujets aux tromperies des fleurs en papier mousse
Aussi bien que l’amant trop simple.
Et ce cops alangui s’il renaît
Le vannier se découvre en la nasse
Ourdie de ses propres baisers.
L’Age de craie, suivi de Hedera
Editions Gallimard, 1961
Du même auteur :
Le pays froid (16/06/2014)
Somewhere in the world (26/06/2015)
Hedera ou la persistance de l’amour pendant une rêverie (11/11/2017)
Les filles des gobes (11/11/2018)
Mélancolie (11/11/2019)
La fenêtre du wagon (11/11/2021)