Jean – Philippe Salabreuil (1940 – 1970) : Un printemps
Un printemps
(Et moi c’est un printemps
Crochu par mes travers d’eau blanche
Mes détours d’ombre mon plan
De ciel fouetté de graves branches
Un mur oblique où le soleil
Jette ses bûches de sommeil
Où tremble une petite rosée vieille
Comme sueurs et larmes aux pointes d’un
Noir fond d’herbe noire un œil un
Velours incertain d’entre les tiens merveille
Ancienne ou bien déjà nouvelle objet
Plus clair obscur on ne sait de quel doigt de jais
D’argent que l’astre à demi pris de neige
Et de ténèbre en son éternité profonde ô toi
C’est un printemps bouclé d’épaules en toi
De poignets bracelés de mes mains cet âge
Venu d’aimer aux cimes du jour et gravir
A genoux les degrés d’écume du frisson tenir
Entre soi le torrent de ce pic à ce gouffre
Eclatant d’ongles et d’os entre toi
Belle versée pente de lys et moi le poids
Sombre du roc au creux de toi cette source qui souffre
Un siècle aux bords faillis aux corps noués jusqu’un détroit
Cette coulée de vie de feu entre toi morte et moi.)
Editions Gallimard
Du même auteur :
Adieu (07/06/2015)
Petite fanfare funèbre (07/06/2016)
Je t’apprends à mourir (07/06/2017)
L’heure est dite d’abois (15/12/2020)