José-Maria de Heredia (1842 – 1905) : Soleil couchant
Soleil couchant
Les ajoncs éclatants, parure du granit,
Dorent l'âpre sommet que le couchant allume ;
Au loin, brillante encor par sa barre d'écume,
La mer sans fin commence où la terre finit.
A mes pieds c'est la nuit, le silence. Le nid
Se tait, l'homme est rentré sous le chaume qui fume.
Seul, l'Angélus du soir, ébranlé dans la brume,
A la vaste rumeur de l'Océan s'unit.
Alors, comme du fond d'un abîme, des traînes,
Des landes, des ravins, montent des voix lointaines
De pâtres attardés ramenant le bétail.
L'horizon tout entier s'enveloppe dans l'ombre,
Et le soleil mourant, sur un ciel riche et sombre,
Ferme les branches d'or de son rouge éventail.
Les Trophées,
P. Lemerre éditeur,1893
Du même auteur :
Les conquérants (13/05/2014)
Maris stella (13/05/2015)
La sieste (22/08/2016)
Armor (09/10/2017)
Suivant Pétrarque (09/10/2020)
Brise marine (09/10/2021)
Soir de bataille (23/10/2022)