Gérard de Nerval (1808 – 1855) : Vers dorés
Vers dorés
Homme, libre penseur ! te crois-tu seul pensant
Dans ce monde où la vie éclate en toute chose ?
Des forces que tu tiens ta liberté dispose,
Mais de tous tes conseils l’univers est absent.
Respecte dans la bête un esprit agissant :
Chaque fleur est une âme à la Nature éclose ;
Un mystère d’amour dans le métal repose ;
« Tout est sensible ! » Et tout sur ton être est puissant.
Crains, dans le mur aveugle, un regard qui t’épie :
A la matière même un verbe est attaché …
Ne la fais pas servir à quelque usage impie !
Souvent dans l’être obscur habite un Dieu caché ;
Et comme un oeil naissant couvert par ses paupières,
Un pur esprit s’accroît sous l’écorce des pierres !
Les Chimères, 1854
Du même auteur :
El desdichado (23/05/2014)
Epitaphe (27/07/2015)
Une allée du Luxembourg (27/07/2016)
Le point noir (27/07/2017)
Myrtho (27/07/2018)
Fantaisie (25/05/2024)