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Le bar à poèmes
25 juillet 2019

Anne Bihan (1955 -) : Amer III

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Amer III

 

... Tu dis elle lui la mer et que pour écrire tu l’as traversée d’un bord à

l’autre du monde, franchi cap tropiques et cherché les mots à genoux sur la

chaussée des pauvres ; tu dis personne ne revient partir comme rester, mais

apprends à te tenir entre à jamais debout sur les fissures les gouffres, femme

entre à jamais, et seul compte à la toute fin l’enlacement des mondes...

 

 

 Variation 1

 

... tu ne crois plus tout à fait qu’écrire comme traverser la mer les murs la mort

de la terre à l’île et de l’île au ciel, mais te moques désormais du mensonge

qualificatif de leur langue

 

... continent péninsule finis-terre aucun mot pour le dire mais d’autres que tu

as toujours cherchés, archipels constellations jusqu’à celui que tu es venue

reconnaître en passant le tropique la Ligne le Cap Horn et d’Espérance l’autre

tropique, debout à la tangente d’un méridien puis d’un autre et encor d’un autre

 

... Océanie océanienne, femme entre à jamais, ta mer n’est pas la fin des terres

jamais la fin, femme entre à jamais, à cloche-pied sur la crête des dunes et des

vagues, entre la mer et le sable, femme entre à jamais

 

... entre les écueils les fissures les gouffres, allant et venant, pour le mouvement

l’écart la tension,  l’effacement sans fin de toute chose...

 

 

Variation 2

 écrire

comme traverser la mer

les murs les morts

 

les mots cherchés pour

me dire

en passant la Ligne

 

se tenir entre

à la toute fin

femme entre à jamais

 

et par-delà les fissures et les gouffres

choisir

l’effacement sans fin de toutes choses

 

 

Ton ventre est l’océan

Editions Bruno Doucey, 2011

De la même autrice :

Amer I (25/07/2020)

Ciels pierres saisons (25/07/2021)

Amer II (27/07/2022)

Graines plumes coquillages (27/07/2023)

Tryptique (27/07/2024)

Commentaires
S
Curieux comme cet AMER III renvoie par l'allitération (si j'ose dire) des trois "I" majuscules à A"I"MER cette fois deux "I,I". J'écris ça parce qu’aimer est tout de même une forme d'amer-tu-me pour autant que ce n'est jamais ça. Et que le déroulement du poème me semble renvoyer à la fois au jeu des vagues et de la marée et de l'impossible recouvrement définitif où l'amour nous appelle, et qui échoue lui aussi. Constat sans ...amertume toutefois.
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