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Le bar à poèmes
8 décembre 2018

Mellin de Saint-Gelais (1491 – 1558) : Treizain

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Treizain

 

Par l'ample mer, loin des ports et arènes

S'en vont nageant les lascives sirènes

En déployant leurs chevelures blondes,

Et de leurs voix plaisantes et sereines,

Les plus hauts mâts et plus basses carènes

Font arrêter aux plus mobiles ondes,

Et souvent perdre en tempêtes profondes ;

Ainsi la vie, à nous si délectable,

Comme sirène affectée et muable,

En ses douceurs nous enveloppe et plonge,

Tant que la Mort rompe aviron et câble,

Et puis de nous ne reste qu'une fable,

Un moins que vent, ombre, fumée et songe.

 

Oeuvres poétiques complètes

Editions Prosper Blanchemain, 1873

 

Du même auteur :

« Il n’est point tant de barques à Venise ... » (08/12/2019)

« Quand le Printemps... » (13/10/2021)

Les yeux qui me surent prendre (13/10/2022) 

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