Vicente Huidobro (1893 – 1948) : L’homme triste
L’Homme triste
Sur mon cœur il y a des voix qui pleurent
Ne plus penser à rien !
Le souvenir et la douleur se dressent
Prends garde aux portes mal fermées.
Les choses s’ennuient
Dans la chambre
Derrière la fenêtre où le jardin se meurt
les feuilles pleurent
Et dans le foyer tout s’écrase
Tout est noir
Rien ne vit que dans les yeux du chat
Sur la route un homme s’en va
L’Horizon parle
dans le crépuscule il s’efface
La mère est morte sans rien dire
Et dans ma gorge un souvenir
Ta figure au feu s’illumine
Quelqu’un voudrait sortir
Quelqu’un tousse dans l’autre chambre
Une vieille voix
Comme c’est loin !
Un peu de mort tremble dans tous les coins.
Traduit de l’espagnol par l’auteur
in, Revue « Nord-Sud, N° 2, 15 Avril 1917 »
Du même auteur :
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