Claude Esteban (1935 -2006) : « Dans le vide qui vient… »
Dans le vide qui vient
là où s’offusque l’ombre
intermédiaire
un autre arbre
jaillit
poussière du soleil
sans branches
sans échos de haches, sans
brisures.
Et cet embrasement de l’air
plus rude que nos feux.
*
Surgir
plus haut que l’air.
Vos racines
ont pourri dans la poussière
opaque
solstices, vieux soleils –
*
Tenaces
avides de savoir qui vient
qui va survivre
dès lors qu’on a scruté le temps.
Et notre usure
n’a pas lieu de lire
l’origine.
Toutes les choses
écrites
et le soleil devant –
la pierre blanche dérisoire.
*
Elles.
Ensommeillées de tâches sans légendes
plus dures
que le fer des astres.
Cendre et nuit.
*
Qu’elles aient pris
plus bas
la route obscure de l’usage
n’a pas suffi.
Murailles
sur le ciel.
Et les lèvres contradictoires
nomment ce qui sera
parmi les gerbes qui pâlissent.
Moisson contre moisson.
Derrière le désir
lève un soleil unique.
*
Mais du principe ne demeure
que cette graine étroite
où l’être cependant
surgit
voisin des routes de béance.
Et l’air le brasse infiniment.
l’ombre du souffle
le ranime
jusqu’à la terre
inentamée
qui reconnaît le germe
et le démembre.
Dans le vide qui vient
Maeght éditeur, 1976
Du même auteur :
« Quand on a souffert trop longtemps… » (10/06/2014)
Croyant nommer (10/10/2015
« Cette femme ... » (13/09/2019)