Aimé Césaire (1913 – 2008) : « Soleil serpent… »
Soleil serpent
Soleil serpent œil fascinant mon œil
et la mer pouilleuse d’îles craquant aux doigts des roses
lance-flamme et mon corps intact de foudroyé
l’eau exhausse les carcasses de lumière perdues dans le couloir sans pompe
des tourbillons de glaçons auréolent le cœur fumant des corbeaux
nos cœurs
c’est la voix des foudres apprivoisées tournant sur leurs gonds de lézarde
transmission d’anolis au paysage de verres cassés c’est les fleurs vampires
à la relève des orchidées
élixir du feu central
feu juste feu manguier de nuit couvert d’abeilles mon désir un hasard de
tigres surpris aux soufres mais l’éveil stanneux se dore des gisements
enfantins
et mon corps de galets mangeant poisson mangeant
colombes et sommeils
le sucre du mot Brésil au fond du marécage
Les Armes miraculeuses
Editions Gallimard, 1946
Du même auteur :
« Je retrouverais le secret des grandes communications… » (25/01/2014)
En guise de manifeste littéraire (25/01/2015)
Et les chiens se taisaient (26/01/2016)
Fragments d’un poème (26/01/2017)
A l’Afrique (26/01/2019)
Configurations (26/01/2020)
Batouque (26/01/2021)
Idylle (26/01/2022)
Corps perdu (26/01/2023)
Rocher de la femme endormie (07/02/2024)