Maurice Roche (1924 – 1997) : « Je suis un malade, … »
Je suis un malade, mon père le sait.
Il fait nuit et j’
effroi ! –
Comment crever (l’abcès) propre –
ment ? Bien que sécrétant son
propre mystère, la mort (même
sous sa forme pléonastique ou
sa répétition) n’ayant plus de
secret pour personne…
je n’en
grelotte pas moins – le baro–
mètre étant, à ce degré de
trouille, la peur que l’on
communique.
(Se dire que « l’on a eu
chaud » (se réfugier dans
cette projection de souvenir
et en sentir la protection).)
On est perdu (au milieu) (au
centre) de). VIDE parTOUT !
L’angoisse permettant d’évi-
ter le pire, je tente de me
fabriquer (hors de moi) une
grande machine infernale et
co(s)mique
mécanique silen-
cieuse (de dessins de mots
reproduits (de solides)
emmanchés les uns dans les
autres n’ayant plus aucun
relief sonore, aplatis qu’ils
sont dans l’épaisseur de la
feuille imaginaire dont l’opa-
cité ne permet d’ailleurs
qu’une perception floue)
sour-
noisement remplacée par l’odeur
de la chambre : un effluve dou-
ceâtre, insinuant – qui fait
tourner au sur l’alcool que
j’ai dans l’estomac.
CodeX, roman
Editions du Seuil, 1974
Du même auteur :
« Je vis la mort à chaque instant… » (06/12/2014)
« Tu perdras le sommeil… » (06/12/2015)
« J’ai tellement eu faim… » (06/12/2016)
« La douleur qui, peut-être... » (06/12/2018)