Rémi Belleau (1528 – 1577) : « Si tu veux que je meure… »
Si tu veux que je meure entre tes bras, m’amie
Trousse l’escarlatin(1) de ton beau pelisson(2)
Puis me baise et me presse et nous entrelaçons
Comme, autour des ormeaux, le lierre se plie.
Dégrafe ce collet, m’amour, que je manie
De ton sein blanchissant le petit mont besson(3) :
Puis me baise et me presse et me tiens de façon
Que le plaisir commun nous enivre, ma vie.
L’un va cherchant la mort aux flancs d’une muraille
En escarmouche, en garde, en assaut, en bataille
Pour acheter un nom qu’on surnomme l’honneur.
Mais moi, je veux mourir sur tes lèvres, maîtresse,
C’est ma gloire, mon heur, mon trésor, ma richesse
Car j’ai logé ma vie en ta bouche, mon cœur.
(1) : serge fine de couleur écarlate
(2) : vêtement de dessous, fait d’une peau cousue entre deux tissus
(3) : jumeau, double
La Bergerie,
Gilles Gilles imprimeur, 1565
Du même auteur :
« Baise-moi donc, ma sucrée … » (23/04/2016)
Le désir (20/10/2017)
« Pendant que votre main docte ... » (20/10/2019)