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Le bar à poèmes
19 juin 2014

Georges Fourest (1867- 1945) : sardines à l'huile

fourestg[1]

Sardines à l’huile

 

   

 

 

 

 

Sardines à l’huile fine sans tête et sans arêtes.

(Réclames des sardiniers, passim.)

Dans leur cercueil de fer-blanc

plein d’huile au puant relent

marinent décapités

ces petits corps argentés

pareils aux guillotinés

là-bas au champ des navets !

Elles ont vu les mers, les

côtes grises de Thulé,

sous les brumes argentées

la Mer du Nord enchantée...

Maintenant dans le fer-blanc

et l’huile au puant relent

de toxiques restaurants

les servent à leurs clients !

Mais loin derrière la nue

leur pauvre âmette ingénue

dit sa muette chanson

au Paradis-des-poissons,

une mer fraîche et lunaire

pâle comme un poitrinaire,

la Mer de Sérénité

aux longs reflets argentés

où durant l’éternité,

sans plus craindre jamais les

cormorans et les filets,

après leur mort nageront

tous les bons petits poissons !...
 

Sans voix, sans mains, sans genoux*

sardines, priez pour nous!...

 

*Tout ce qu'il faut pour prier. (Note de l'auteur)

 

La Négresse blonde, Albert Messein éditeur,1909

 

Du même auteur : Le Cid (29/07/2015)

 

 

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