Flavien Ranaivo (1914 – 1999) : Vulgaire chanson d’amant
Vulgaire chanson d’amant
Ne m'aimez pas, ma parente,
comme votre ombre
car l'ombre au soir s'évanouit
et je dois vous garder
jusqu'au chant du coq;
ni comme le piment
qui donne chaud au ventre
car ne pourrais alors
en prendre à ma faim;
ni comme l'oreiller,
car on serait ensemble aux heures du sommeil
mais on ne se verrait guère le jour;
ni comme le riz,
car sitôt avalé vous n'y penseriez plus;
ni comme les douces paroles
car elles s'évaporent;
ni comme le miel,
bien doux mais trop commun.
Aimez-moi comme un beau rêve,
votre vie la nuit,
mon espoir le jour,
comme une pièce d'argent,
sur terre ne m'en sépare,
et pour le grand voyage
fidèle compagne;
comme la calebasse,
intacte sert à puiser l'eau,
en morceaux, chevalets pour valiha.
L’ombre et le vent,
Imprimerie de Tananarive (Madagascar), 1947
Du même auteur :
Chercheuse d’eau (15/08/2015)
Epithalame (10/08/2016)