Henri de Régnier ( 1864 – 1936) : Vœu
Portrait par Jacques-Emile Blanche, 1893
Vœu
Je voudrais pour tes yeux la plaine
Et une forêt verte et rousse,
Lointaine
Et douce
A l’horizon sous un ciel clair,
Ou des collines aux belles lignes
Flexibles et lentes et vaporeuses
Et qui sembleraient fondre en la douceur de l’air,
Ou des collines
Ou la forêt..
Je voudrais
Que tu entendes,
Forte, vaste, profonde et tendre,
La grande voix sourde de la mer
Qui se lamente
Comme l’amour !
Et, par instant, tout près de toi,
Dans l’intervalle
Que tu entendes,
Tout près de toi,
Une colombe
Dans le silence,
Et faible et douce
Comme l’amour,
Un peu dans l’ombre,
Que tu entendes
Sourdre une source.
Je voudrais des fleurs pour tes mains,
Et pour tes pas
Un petit sentier d’herbe et de sable
Qui monte un peu et qui descende
Et tourne et semble
S’en aller au fond du silence,
Un tout petit sentier de sable
Où marqueraient un peu tes pas,
Nos pas
Ensemble !
Poèmes
Société du Mercure de France, 1895
Du même auteur :
« Si j'ai parlé / De mon amour … » (17/12/2014)
« Un petit roseau m’a suffi… » (17/12/2015)
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