Hector de Saint-Denys -Garneau (1912 – 1943) : « Il nous est arrivé... »
Il nous est arrivé des aventures du bout du monde
Quand on vient de loin ce n’est pas pour rester là
(Quand on vient de loin nécessairement
c’est pour s’en aller)
Nos regards sont fatigués s’être fauchés
par les mêmes arbres
Par la scie contre le ciel des mêmes arbres
Et nos bras de faucher toujours à la même place.
Nos pieds n’étaient plus là pour nous attacher
dans la terre
Ils nous attiraient tout le corps pour des journées
à perte de vue
Il nous est arrivé des départs impérieux
Depuis le premier jusqu’à n’en plus finir
A perte de vue dans l’horizon renouvelé
Qui n’est jamais que cet appel au loin
qui module le paysage
Ou cette barrière escarpée
Qui fouette la rage de notre curiosité
Et ramasse en nous de son poids
Le ressort de notre bond.
(Voyage au bout du monde)
Les Solitudes
In, « Poésies »
Editions Fides, Montréal (Québec), 1972
Du même auteur :
Accompagnement (14/01/2015)
« Nous avons attendu de la douleur... » (30/05/2019)
Dilemme (30/05/2020)
« Et maintenant... » (30/05/2021)
« Et maintenant... » (30/05/2021)
Le jeu (30/05/2022)
Monde irrémédiable désert (30/05/2023)
Rivière de mes yeux (30/05/2024)