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Le bar à poèmes
28 mai 2016

André Frédérique (1915 -1957) : « Il y a de la profondeur cachée… »

   

9782749100838[1]

 

 

     Il y a de la profondeur cachée dans mon langage. Je parle ne

sachant ce que je vais dire et les mots s’assemblent en oracle. Du

moins, on me le dit. Si je parle longtemps, je bâtis un monde, où

je me perds. Il me faut de patients amis pour m’expliquer C’est

donc qu’entre ma parole et ce qui l’anime il y a quelque chose

que j’ignore. Peut-être quelqu’un. Je ne crois pas porter de dieu.

Je voudrais dire quelque chose d’indifférent, une broutille. Je n’y

parviens pas. Toujours une lumière au fond de mon puits, une fleur

dans mon désert.

     Pour tout ce que je dis, mes amis trouvent des excuses. Il me vient

alors des envies de gâter le miracle. Je parle de mes bretelles. Eh bien !

ce n’est pas encore futile. Pas du tout.

 

Histoires blanches,

Editions Gallimard, 1945

Du même auteur :

Honneurs (26/05/2014)

Exercices de logique (26/05/15)

Choses défendues (28/05/2017)

 

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