Vahé Godel (1931 - ) : Murs sans fenêtres / Portes closes
Murs sans fenêtres
Portes closes
I
Ici j’apprends le langage des murs :
cette fissure en sait plus long que moi
ce trou clame son innocence
cet autre ne dit rien
ce clou cache son jeu
(cette mouche immobile
est le centre du monde)
II
A force d’être
silencieux
et nus
dépourvus de fenêtres
les murs m’ont revêtu
de leur ombre
de leur silence
et de leur dénuement
III
Ici je scrute les portes closes
- celles qui font la sourde oreille
celles qui s’ouvrent sans s’ouvrir
celles qui n’ont d’autres raisons de vivre
que leur serrure
celles qui font semblant de sortir de leurs gonds
(celles qui séparent le vide
et le néant)
IV
Ici nul remous nulle
saillie nulle lueur
il n’est pas jusqu’aux murs
qui n’étouffent leurs cris
il n’est pas jusqu’aux portes
qui ne brûlent de fuir
tout demeure au point mort
(enfoui sous les seuils
quelque chose
venu
du large
attend son heure)
Coupes sombres
Editions de la Baconnière, 1974
Du même auteur :
Le survol du volcan (25/07/2016)
« Espace… » (25/07/2017)
« Prendre racine, prendre corps... » (25/07/2018)
Mehr licht (14/09/2019)