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Le bar à poèmes
15 avril 2024

Salvatore Quasimodo (1901 – 1968) : Ô mes doux animaux / O miei dolci animali

 

Ô mes doux animaux

 

A présent l’automne gâte le vert des collines,

ô mes doux animaux. Nous entendrons encore,

avant la nuit, l’ultime plainte

des oiseaux, l’appel de la plaine

grise vers la rumeur

haute de la mer. Et l’odeur du bois

sous la pluie, l’odeur des tanières,

si vive parmi les maisons,

parmi les hommes, ô mes doux animaux.

Ce visage aux yeux lents qui se tourne,

cette main qui montre le ciel où

gronde le tonnerre, ce sont les vôtres, ô mes loups,

mes renards brûlés par le sang.

Chaque main, chaque visage sont vôtres.

Tu me dis que tout a été vain,

la vie, les jours corrodés par une eau

continuelle, tandis que monte des jardins

un chœur d’enfants. A présent déjà loin

de nous ? Mais ils se perdent dans l’air

comme ombres à peine. C’est son refrain.

Mais moi, je sais peut-être que tout n’est pas fini.

 

 

Traduit de l'italien par Roland Ladrière

in, Salvatore Quasimodo : "Oeuvres poétiques"

Editions de Corlevour, 92110 Clichy,2021

Du même auteur :

Et c’est bientôt le soir / Ed è subito sera (01/11/2014)

J'entends encore la mer / S’ode ancora il mare (15/04/2018)

Devant le gisant d’Ilaria del Carretto / Davanti al simulacro d’Ilaria Del Carretto (15/04/2019)

Anno Domini MCMXLVII (15/04/2020)

Vent à Tyndaris / Vento a Tindari (15/04/2021)

Temple de Zeus à Agrigente / Tempio di Zeus Ad Agrigento 15/04/2022)

La pie noire rit sur les orangers / Ride la gazza, nera sugli aranci. (06/10/2022)

Les retours / I Ritorni (15/04/2023)

Glendalough (06/10/2023) 

 

O miei dolci animali

 

Ora l'autunno guasta il verde ai colli,

o miei dolci animali. Ancora udremo,

prima di notte, l'ultimo lamento

degli uccelli, il richiamo della grigia

pianura che va incontro a quel rumore

alto di mare. E l'odore di legno

alla pioggia, l'odore delle tane,

com'è vivo qui fra le case,

fra gli uomini, o miei dolci animali.

Questo volto che gira gli occhi lenti,

questa mano che segna il cielo dove

romba un tuono, sono vostri, o miei lupi,

mie volpi bruciate dal sangue.

Ogni mano, ogni volto, sono vostri.

Tu mi dici che tutto è stato vano,

la vita, i giorni corrosi da un'acqua

assidua, mentre sale dai giardini

un canto di fanciulli. Ora lontani,

dunque, da noi? Ma cedono nell'aria

come ombre appena. Questa la tua voce.

Ma forse io so che tutto non é stato. 

 

Giorno dopo giorno

Mondadori Editore, Milano, 1947

Poème précédent en italien :

Eugenio Montale : Quatre poèmes / Quattro poesie (08/02/2024)

Poème suivant en italien :

Cesare Pavese : Marc en septembre / Grappa a settembre (18/04/2024)

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