Salvatore Quasimodo (1901 – 1968) : Ô mes doux animaux / O miei dolci animali
Ô mes doux animaux
A présent l’automne gâte le vert des collines,
ô mes doux animaux. Nous entendrons encore,
avant la nuit, l’ultime plainte
des oiseaux, l’appel de la plaine
grise vers la rumeur
haute de la mer. Et l’odeur du bois
sous la pluie, l’odeur des tanières,
si vive parmi les maisons,
parmi les hommes, ô mes doux animaux.
Ce visage aux yeux lents qui se tourne,
cette main qui montre le ciel où
gronde le tonnerre, ce sont les vôtres, ô mes loups,
mes renards brûlés par le sang.
Chaque main, chaque visage sont vôtres.
Tu me dis que tout a été vain,
la vie, les jours corrodés par une eau
continuelle, tandis que monte des jardins
un chœur d’enfants. A présent déjà loin
de nous ? Mais ils se perdent dans l’air
comme ombres à peine. C’est son refrain.
Mais moi, je sais peut-être que tout n’est pas fini.
Traduit de l'italien par Roland Ladrière
in, Salvatore Quasimodo : "Oeuvres poétiques"
Editions de Corlevour, 92110 Clichy,2021
Du même auteur :
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Glendalough (06/10/2023)
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O miei dolci animali
Ora l'autunno guasta il verde ai colli,
o miei dolci animali. Ancora udremo,
prima di notte, l'ultimo lamento
degli uccelli, il richiamo della grigia
pianura che va incontro a quel rumore
alto di mare. E l'odore di legno
alla pioggia, l'odore delle tane,
com'è vivo qui fra le case,
fra gli uomini, o miei dolci animali.
Questo volto che gira gli occhi lenti,
questa mano che segna il cielo dove
romba un tuono, sono vostri, o miei lupi,
mie volpi bruciate dal sangue.
Ogni mano, ogni volto, sono vostri.
Tu mi dici che tutto è stato vano,
la vita, i giorni corrosi da un'acqua
assidua, mentre sale dai giardini
un canto di fanciulli. Ora lontani,
dunque, da noi? Ma cedono nell'aria
come ombre appena. Questa la tua voce.
Ma forse io so che tutto non é stato.
Giorno dopo giorno
Mondadori Editore, Milano, 1947
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