Rabindranath Tagore / রবীন্দ্রনাথ ঠাকুর (1861 – 1941) : Virtuelle
RRabindranath Tagore vers 1935 ©Getty - Fox Photos/Hulton Archivechive
Virtuelle
Satyarûpa
Dans le noir vint quelqu’un je ne sais d’où – je crus que c’était toi,
et la tonnelle de nuit fit éclore mille fleurs au clair d’étoiles.
Il n’en est autre preuve sinon un paraphe que je lirai
quand l’heure dormant coulera au fond de l’aube.
En attendant puisse mon cœur entré en silence
garder souvenance de toi qui l’emplis.
Il y a foule sur les chemins de la vie, la poussière vole ;
des fanions flottent aux avenues, le ciel remue.
Chaque heure tant de gens se pressent vers le bac –
d’autres exténués viennent à ma porte au soir
demander gîte pour la nuit, raconter
les histoires des pays lointains
puis en fin de nuit repartent loin.
Des cercles magiques se dessinent
au gré des allées et venues
dans le monde mouvant,
comme lame d’ombre volant au vent
en flux et en reflux.
L’un deux appelle à haute voix,
un autre rentre muet
connaissances de chaque jour
cependant ils demeurent
jour après jour sans identité.
Parmi ce brouillard perdus
se passent leurs jours abîmés
dans un noir onirique.
Le silence du crépuscule soudain frémit,
tu t’approches sans mot dire
je ne sais quand
et tu brises mon incertitude.
Traduit du bengali par Saraju Gita Banerjee
In, Rabindranath tagore : « L’écrin vert »
Editions Gallimard, 2008
Du même auteur :
« Le même fleuve de vie… » (24/11/2014)
« Malgré le soir qui s’avance … » (23/04/2017)
« Frère, nul n’est éternel … » (23/04/2018)
« Poète, le soir approche ... » (23/04/2019)
Cygne (I – VI) (23/04/2020)
Cygne (VII – XII) (06/10/2020)
Cygne (XIII - XXVI) (23/04/2021)
Cygne (XXVII – XXXVII) (06/10/2021)
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