27 février 2023

José Ángel Valente (1929 – 2000) : Patrie, dont je ne connais pas le nom / Patria, cuyo nombre no sé

  Patrie, dont je ne connais pas le nom   Je ne sais si je te regarde Avec amour ou avec haine Ni si tu es autre chose que terre Pour moi. Mais avec toi seule, Jusqu’à la mort, je dois Me lever et vivre. Ici ta peau se tend Sur la carte de l’âme, Cruelle et flagellée ; Là, très douce, Elle se brise en rivières de pluie, Inclinée vers la mer. Là tu es pas perdu Ou pied pur parcourant le rêve ; Ici crâne qu’embrase Le poids de Dieu. Et me voici, te regardant D’un oeil qui vient A peine de... [Lire la suite]
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19 décembre 2022

Federico Garcia Lorca (1898 – 1936) : Evocation / Evocación

  Evocation A Jorge Zalamea.   Terre sèche, Terre quiète Aux nuits Immenses.   (Vent dans l’olivette, Vent dans la montagne.)   Terre Vieille, Chaleil Et douleur. Terre Aux profondes citernes. Terre Où la mort est sans yeux, Où volent des flèches.   (Vent par les chemins. Brise d ans les peupliers.)   Traduit de l’espagnol par Pierre Darmangeat,  in « Anthologie bilingue de la poésie espagnole »,  Editions Gallimard (La Pléiade), 1995 Du même... [Lire la suite]
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21 novembre 2022

Miguel D’ors (1946 -) : Pluie / Lluva

  Pluie   Pluie.             Pluie qui vient de très loin.                      Son appel obscur sur mes vitres, insistant.                 Il pleut. Dans les rues diffuses et bruyantes je m’éloigne ; je me perds en d’autres pluies qui lentement tombent sur mon passé :... [Lire la suite]
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07 novembre 2022

Blas de Otero (1916 – 1979) : Au commencement / En el principio

  Au commencement   Si j’ai tout perdu, la vie, le temps, si j’ai tout jeté, comme un anneau, dans la mer, si dans les broussailles j’ai perdu la voix, il me reste la parole.   Si j’ai souffert de la soif et de la faim, de tout ce qui était mien et dont il ne reste rien, si j’ai fauché les ombres, en silence, il me reste la parole.   Si j’ai ouvert les yeux pour voir le visage pur et terrible de ma patrie, si j’ai ouvert les lèvres jusqu’à les déchirer, il me reste la parole.     ... [Lire la suite]
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04 octobre 2022

Claudio Rodríguez (1934 -1999) : Comme le bruissement des feuilles du peuplier / « El dolor verdadero no hace ruido... »

  Comme le bruissement des feuilles du peuplier        La vraie douleur ne fait pas de bruit : elle laisse comme un bruissement de feuilles de peuplier agitées par le vent, une rumeur intime, d’une vibration si profonde, si sensible au moindre frôlement, qu’elle peut devenir solitude, discorde, injustice ou dépit. Je suis là à écouter ses murmures qui, loin de troubler, sont porteurs d’harmonie, si effilés et subtils, avec un tel son de spacieuse sérénité en cette fin d’après-midi, ... [Lire la suite]
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24 septembre 2022

Carlos Edmundo de Ory (1923 -2010) : « Il semble que l’homme souffre... » / « Parece ser que el hombre sufre... »

  Il semble que l’homme souffre et comme il n’existe pas de balance pèse-souffrance on sait seulement que la douleur est plomb et que malgré tout elle sent le souffre   IL n’existe pas de thermomètre pour dire les degrés de la peine qui toujours vous pèse On sait seulement que la douleur est la mie d’un pain qui n’a jamais garni une table   Quand tu te sentiras mal cherche un recoin Et installe-toi pour y manger la chair crue qui, se trouve dans tes mains et dans tes pieds   Offre un banquet à ton... [Lire la suite]
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22 septembre 2022

Alfonso Costafreda (1926 – 1974) : Compagne d’aujourd’hui / Compañera de hoy

  Compagne d’aujourd’hui     Compagne d’aujourd’hui, je ne veux d’autre vérité que la tienne, vivre où tes yeux s’ouvriront, offrant ta lumière, ton flux à ce que je vois et sens...   Dénouer cette pelote obscure de la peur, retrouver l’objet perdu, briser la voix du songe...   Et lent, lentement réapprendre à vivre, encore et encore comme une matinée chargée de richesse.   Traduit de l’espagnol par Claude de Frayssinet In, « Poésie espagnole, anthologie 1945 – 1990 » ... [Lire la suite]
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09 juillet 2022

José Manuel Caballero Bonald (1926 -) : Transfiguration de la perte / Transfiguración de lo perdido

  Transfiguration de la perte   La musique convoque les images Du temps. D’où m’appellent-elles Pour me ramener Au jour implacable ?                                    Je n’ai rien à moi Sauf ce qui a fui. Fragment Libre d’hier, la mémoire afflue Sur fond de guerre et d’espoir Où tout s’alarme et se transforme En vie, où ma vérité Est en... [Lire la suite]
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06 juillet 2022

Miguel de Unamuno (1864 – 1936) : « J’entends le bruissement ... / « Oigo el susurro... »

      J’entends le bruissement de la Mort qui approche, Pas de velours, feutrés comme ceux des pieds nus, Glissement cauteleux tel celui de l’aveugle, Qui flaire en tâtonnant, d’un odorat aigu.   Et quand je sens son aile-main me nimber d’air, Je me recroqueville, en retenant mon souffle ; Puis, tranquille à l’abri du bastion du mystère, Je ferme les paupières et je me laisse aller.   Je fais ainsi le mort, comme le scarabée ; Oh, lâcheté ! car c’est mourir à deux reprises, Et à... [Lire la suite]
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02 juillet 2022

Antonio Machado (1875 – 1939) : Aveu / Confesión

  Aveu        Jamais n’ai quêté la gloire, Ni pensé laisser mes chants Dans la mémoire des hommes. J’aime les moindres fluides Et légers et gracieux Telles bulles de savon ; J’aime les voir s’iriser De carmin et de soleil Et voler dans le ciel bleu Et frémir et se briser   Traduit de l’espagnol par Mathilde Pomès in, « Antholologie de la poésie espagnole » Librairie Stock, 1957 Du même auteur :  Il y a eu crime dans Grenade / El crimen fue en Granada... [Lire la suite]
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