10 juillet 2023

José Manuel Caballero Bonald (1926 -2021) : Anamorphose / Anamorfosis

  Anamorphose   Cette odeur de chicorée et de marc, de crins de cheval et de vert-de-gris avec salpêtre, et d’herbe de mon enfance en face de l’Afrique, contribuera peut-être à perpétuer dans je ne sais quel recoin du souvenir un test équivoque d’amour dilapidé et d’injustice que j’ai contre moi-même, et c’est comme si tout à coup le flux continu et furtif du... [Lire la suite]
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06 juillet 2023

Miguel de Unamuno (1864 – 1936) : « Que je meure les yeux ouverts... » / « ¡Logre morir con los ojos abiertos…”

Miguel de Unamuno par Mauricio Fromkes. Museo del Prado, Madrid (España). (CC BY-SA 3.0)   Que je meure les yeux ouverts en y reflétant tes claires montagnes - l’air de ses cols fut ma vie – qui offrent au soleil tes entrailles éternelles, ô mon Espagne de songe !   Qu’en ton sein calme m’accompagne l’image profonde de ta gloire ; que tes rochers à mon corps soient refuge ; que pour les siècles dorme en moi ta mémoire, ô mon Espagne de songe !   Que mes yeux deviennent deux feuilles... [Lire la suite]
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02 juillet 2023

Antonio Machado (1875 – 1939) : Souvenirs / Recuerdos

  Souvenirs   Oh ! Soria ! quand je regarde les frais orangers, Lourds de parfums, et la campagne toute verte, Les jasmins épanouis, les champs de blé mûris, Les montagnes bleues et l’olivaie en fleurs ; Le Guadalquivir coulant vers la mer parmi les vergers ; Et au soleil d’avril les jardins regorgeant de lis, Et les essaims dorés pour butiner leurs miels, Dispersés dans les champs, s’enfuir de leurs ruchers ; Je sais le chêne rouge craquant dans les foyers, La bise glacée qui... [Lire la suite]
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18 mai 2023

Angel González (1925 – 2008) : Rien n’est pareil / Nada es lo mismo

  El País   Rien n’est pareil   La larme fut bonheur.   Oublions les pleurs et recommençons, avec patience, en observant les choses jusqu’à trouver l’infime différence qui les sépare de leur entité d’hier et qui définit le passage du temps et son efficacité.   A quoi bon pleurer pour le fruit qui a chu pour l’échec de ce profond désir, compact avec une graine de semence ?   Il n’est pas bon de répéter ce qui est déjà dit. Après avoir parlé, avoir versé des larmes, faites... [Lire la suite]
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11 mai 2023

Francisco Brines (1932 -) : L’œil solitaire de la nuit

  L’œil solitaire de la nuit   Derrière la vitre, l’air obscur est un vol qui va nulle part et que personne n’interrompt, tout est un triangle vide, un silence, que je veux percer. Un oiseau d’ombre que je ne vois pas passe entre les eucalyptus et les astres, et de ses ailes il heurte le vide : sourde est l’aile de la vie, rude est l’aile de mort. Il a déjà investi la nuit, et de là il frappe ma poitrine et mes entrailles, et maintenant on entend le silence pénétrer, et demeurer, dans le triangle, là... [Lire la suite]
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06 avril 2023

Esperanza López Parada (1962 -) : Stèle d’un marcheur inconnu / Estela de un caminante desconocido

Photo : Daniel Mordzinski   Stèle d’un marcheur inconnu   Pensif, sans rien révéler de ses origines, de quel lieu ses parents, de quelle province son autel, malade et pareil à un dieu dans l’incertain, dans l’achèvement muet, cet homme est parvenu ici et ici, il se repose, en un point ignoré situé entre l’adieu aux siens et la nuit. Ici il se couche, silencieux et ultime, dans le temps épuisé de son voyage.     Traduit de l’espagnol par Claude de Frayssinet In, « Poésie espagnole. Anthologie... [Lire la suite]
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27 février 2023

José Ángel Valente (1929 – 2000) : Patrie, dont je ne connais pas le nom / Patria, cuyo nombre no sé

  Patrie, dont je ne connais pas le nom   Je ne sais si je te regarde Avec amour ou avec haine Ni si tu es autre chose que terre Pour moi. Mais avec toi seule, Jusqu’à la mort, je dois Me lever et vivre. Ici ta peau se tend Sur la carte de l’âme, Cruelle et flagellée ; Là, très douce, Elle se brise en rivières de pluie, Inclinée vers la mer. Là tu es pas perdu Ou pied pur parcourant le rêve ; Ici crâne qu’embrase Le poids de Dieu. Et me voici, te regardant D’un oeil qui vient A peine de... [Lire la suite]
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19 décembre 2022

Federico Garcia Lorca (1898 – 1936) : Evocation / Evocación

  Evocation A Jorge Zalamea.   Terre sèche, Terre quiète Aux nuits Immenses.   (Vent dans l’olivette, Vent dans la montagne.)   Terre Vieille, Chaleil Et douleur. Terre Aux profondes citernes. Terre Où la mort est sans yeux, Où volent des flèches.   (Vent par les chemins. Brise d ans les peupliers.)   Traduit de l’espagnol par Pierre Darmangeat,  in « Anthologie bilingue de la poésie espagnole »,  Editions Gallimard (La Pléiade), 1995 Du même... [Lire la suite]
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21 novembre 2022

Miguel D’ors (1946 -) : Pluie / Lluva

  Pluie   Pluie.             Pluie qui vient de très loin.                      Son appel obscur sur mes vitres, insistant.                 Il pleut. Dans les rues diffuses et bruyantes je m’éloigne ; je me perds en d’autres pluies qui lentement tombent sur mon passé :... [Lire la suite]
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07 novembre 2022

Blas de Otero (1916 – 1979) : Au commencement / En el principio

  Au commencement   Si j’ai tout perdu, la vie, le temps, si j’ai tout jeté, comme un anneau, dans la mer, si dans les broussailles j’ai perdu la voix, il me reste la parole.   Si j’ai souffert de la soif et de la faim, de tout ce qui était mien et dont il ne reste rien, si j’ai fauché les ombres, en silence, il me reste la parole.   Si j’ai ouvert les yeux pour voir le visage pur et terrible de ma patrie, si j’ai ouvert les lèvres jusqu’à les déchirer, il me reste la parole.     ... [Lire la suite]
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