Le bar à poèmes

25 septembre 2023

Vlada Urosevic / Влада Урошевиќ (1934 -) : Contrées...

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Contrées du silence

Villes de papier noir et de fil dans des vallées sans air.

Trains bloqués dans des lacs de goudron.

Aérodromes couverts de toiles d’araignées.

Mousse qui envahit les toits des automobiles.

Maisons où des statues de pierre gisent emmaillotées.

Nuages entrés par les portes sortant par les fenêtres.

Couchers de soleil qui durent des siècles.

 

 

Contrées sans merci

Tortues d’onyx sur les plateaux d’étain.

Escargots d’émail sur des collines de porcelaine.

Poissons de nacre dans des déserts de sel.

Sauterelles de métal dans des forêts de stalagmites.

Larves de cristal dans des cocons de calcaire.

Œufs de pierre couvés par des bulldozers femelles.

Et des gens nus sans abri devant des hélicoptères mammifères.

 

Traduit du macédonien par Jeanne Angélowski et Jacques Gaucheron

Revue « Europe », Mars 1993

Du même auteur :

Dei otiosi (12/09/2014)

« Enferme cet été... » (25/09/2019)

Vergers sidéraux (25/09/2020)

Frissons (25/09/2021)

Planète... (25/09/2022)

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24 septembre 2023

Carlos Edmundo de Ory (1923 -2010) : Dithyrambe du gaditan

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Dithyrambe du gaditan (*)

 

Tes yeux sont l’alcool de mon regard

Ta bouche est une barque dans la tempête

Tes oreilles le nid de mes baisers

Ton nez la mesure de mon allegro

Tes seins les coussins de mon angoisse

Ton ventre est la plage de mon visage

Ton sexe est mon jardin de douceur

Tes jambes les clefs de ma liberté

Tes pieds mon petit déjeuner et mon dîner

Tes mains sont deux lettres d’amour

Ton sourire est ma couronne royale

Ta crinière mon tapis volant

Ta voix est la flûte de mes rêves

Ton odeur est ma forêt ivre

Ton corps est ma doctrine de sagesse

 

                                                                    Amiens, 19 Juin 1971

 

(*) Gaditan : Habitant de Cadix

 

Traduit de l’espagnol par Claude de Frayssinet

In, " Poésie espagnole, anthologie 1945 – 1990 "

Actes Sud / Edition Unesco,1995

Du même auteur :

Machine de douleur / Máquina de dolor (24/09/2021)

 « Il semble que l’homme souffre... » / « Parece ser que el hombre sufre... » (24/09/2022)

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23 septembre 2023

Uwe Kolbe (1957 -) : Pour Allen Ginsberg, décédé le 5 avril 1997 / Für Allen Ginsberg, gestorben am 5. April 1997

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Foto : dirk optiz

&

Pour Allen Ginsberg, décédé le 5 avril 1997

 

Tu n’étais pas là, quand je suis venu à New-York

pour la première fois de ma vie, en septembre 1987.

Je ne trouvai que ton usine, que ton atelier de poésie.

Les gens travaillaient sur des photocopieuses et des télécopieurs.

Quelqu’un me montra la piaule avec ton lit.

Je ne l’avais pas demandé, mais je l’avais craint.

Tu n’étais pas là, et cà m’amusait, et j’étais gêné.

« This is the shrine and where he meditates ! -  I see... »

Tu avais laissé ton gros livre rouge

avec tes Collected Poems, avec un dessin

et la dédicace : « for Uwe Kolbe & Friends ».

Tu ignorais que j’étais solitaire.

Même la dédicace de tes poésie complètes

pour tes parents me resta à l’époque étrangère.

Nous ne nous connaissions pas, et j’appartenais

dans la double Allemagne à la génération presque prochaine.

La poésie beat voulait que nous devenions tous

vos disciples.

Personne ne pouvait prévoir que Burroughs

te survivrait.

Parce qu’il n’était quand même pas assez salaud,

comme tu l’avais supposé dans ton poème America pour rester à Tanger.

Ton travail consistait à prendre le monde dans tes bras par amour.

Tu as fait partie des gens au long souffle.

Tu n’as oublié aucune note sur ton orgue de prédicateur.

Au milieu des années quatre-vingt, je n’avais pas appris à temps

ta venue à Berlin-Est organisée par ce salaud de Sascha A. (1)

parce que je ne faisais pas partie des un-sur-sept.

On disait qu’en RDA un habitant sur sept avait le téléphone,

je présume qu’il y en avait moins.

Mais j’ai encore la cassette de ta prestation.

C’est chouette d’entendre comme les Berlinois de l’Est

étaient coincés quand ils parlaient leur anglais innocemment mauvais.

Ta voix maintenant disparaît lentement

dans les bruits de l’arrière-fond.

Le blues de la Fathers Death reste ma chanson préférée

de ces années-là, Bird Brain en était le résumé formidablement facile.

Ce n’est qu’en 1993 que tout marcha, et je pus t’écouter in live,

« Orplid and Co » merci. Tu revenais de Sarajevo.

Ce soir-là, tu appelais à la « guerre-éclair » culturelle

et tu voulus nous envoyer tous, nous les intellectuels allemands,

du café Clara directement là-bas. Tu te servais des mots

comme quelqu’un qui en a le droit.

Il n’en a rien été.

Tu n’as pas non plus réussi à implanter chez nous

ta joyeuse conception de la baise. On sait qu’en Amérique non plus.

C’est vrai que maintenant on en aurait besoin ;

juste avant l’Anno Domini 2000. Tu sais comment sont les choses aujourd’hui.

La liberté est assez brutale. Assez difficile à supporter

sans toi.

 

(1) Il s’agit du poète Sascha Anderson, accusé d’avoir travaillé pour la Stasi.

 

 

Traduit de l’allemand par François Mathieu

In, « La poésie allemande contemporaine »

Editions Seghers / Goethe-Institut Inter Nationes, Paris, 2001

 

 

Du warst nicht da, als ich nach Nerw-York kam

das erste Mal im Leben, September 1987.

Nur deine Fabrik fand ich vor, nur die poetische Werkstatt.

Die Leute arbeiteten an Kopierer und Faxgerät.

Jemand zeigte mir die Kammer mit deinem Bett.

Ich hatte nicht danach gefragt, hatte es aber befürchtet.

Du warst nicht da, und ich war amüsiert und geniert.

« This is the shrine and where  he meditates ! » « I see... »

Das dicke rote Buch mit deinen Collected Poems

hattest du hinterlassen, mit einerZeichnung versehen

und der Widmung : « for Uwe Kolbe & Friends ».

Du wußtest nichts von meinem Einzelgängerturm.

Selbst die Zueignung deiner gesammelten Gedichte

für deine Eltern blieb mir damals irgendwie fremd.

Wir kannten einander nicht, und ich gehörte der beinahe

übernächsten Generation an in Zwiedeutschland.

Die Poesie der Beats war so, wir mußten alle

eure Jünger werden.

Daß Burroughs dich noch überlebte,

hat niemand voraussehen können.

Wohl weil er doch  nicht so fies war, in Tanger zu bleiben,

wie du es in deinem Gedicht America vermutet hast.

Deine Arbeit war eine Liebesumarmung der Welt.

Du hast zu denen mit dem langen Atem gehört.

Du hast keinen Ton ausgelassen auf deiner Predigerorgel.

Von deinem Auftritt in Ostberlin der auf Sascha A.s Mist

gewachsen war, damals, Mitte der Achtziger, hatte ich nicht

rechtzeitig gehört, weil ich kein Siebenter war.

In der DDR hatte angeblich jeder Siebenter Telefon,

vermutlich waren es weniger.

Aber die Tonbandkassette von dem Auftritt habe ich noch,

Gut zu hören ist, wie verklemmt die Ostberliner waren

in ihrem unschuldig schlechten Englisch.

Deine Stimme geht jezt langsam

in das Hintergrundrauschen ein.

Der Blues vom Fathers Death bleibt  mein Lieblingslied

jener Jahre, Bird Brain was ihr großartig leichtes Resümee.

Nur 1993 paßte alles zusammen, und ich konnte dir live zuhören,

« Orplid und Co.e.V. » sei Dank, Du kamst aust Sarajevo.

An dem Abend riefst du auf zum kulturellen « Blitzkreig »

und wolltest uns deutsche Intellektuelle allesamt

direkt vom Café Clara  weg dorthin schicken . Das Wort

benutztest du wie einer, der so  etwas darf.

Daraus ist nichts geworden.

Auch dein fröhlicher Umgang mit dem Ficken hat sich bei uns

nicht eingebürgert. Bekanntlich auch in Amerika nicht.

Dabei könnten wir gerade den jetzt gebrauchen,

kurz von Anno Domini 2000. Du weißt ja, wie’s heute aussieht.

Ziemlich brutale Freiheit. Ziemlich  schwer auszuhalten

ohne dich.

 

Vineta

Suhrkamp Verlag, Franckfurt, 1998

 

Poème précédent en allemand :

Jacob van Hoddis (1887 – 1942) : Fin du monde / Weltende(09/07/2023)

 

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22 septembre 2023

Isamango (1964 -) « Je ne sais rien du métissage... »

imasango[1]Photo : Bruno Doucey, Poindimié, 2011

 

Je ne sais rien du métissage

rien de plus que ce qu’il donne

pour le partage

 

Je suis un silence habité

je suis pierre décousue en son centre

pour la naissance du rhizome

de nos bras à nos ventres

recevant l’appel du large sur la terre ferme

hanches d’azur et proue de femme-île

où retrouver repos refuge et feu

terre ronde

 

je tisse la mémoire de ma peau

aux visages qu’ensemence l’histoire

s’arrête ça

sang-mêlé

pierre sacrée

pierre d’aveux

pierre tubercule

pierre cœur donnant

pour que poussent les champs du monde

et naissent d’autres enfants

que tombe la pluie...

pierre d’espérance

quelques mots un signe et notre venue

posant des cils sur les dos trop voûtés

 

Soins lucides et gestes posés

pieds et mains du quotidien

araucarias algues et manguiers

peaux passerelle de ventres en fleurs

pour que balaie l’orage les couleurs

peaux sombres peaux claires

jusqu’au détour

chargeant le lieu de rives étrangères

clair-obscur de mon âme aimant la tienne

 

Je ne sais rien du métissage

rien de plus que ce qu’il donne

à mon sang......

(Quand chante le corail)

 

In, « Chants du métissage »

Editions Bruno Doucey, 2009

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21 septembre 2023

Ibn Al- Dja’bari (? – 1241) : Nuit de joie

pic-300x213[1]

 

Nuit de joie

 

Nuit de joie,

dans la demeure où j’ai été reçu.

Aucun nuage n’est venu troubler

mon bonheur.

Nuit de sérénité

la plus douce de ma vie.

 

Dans la coupe de mon vin,

des mains généreuses

ont versé des douceurs nouvelles.

Il a poli la coupe

avec Ses propres mains,

Celui qui est plus brillant

qu’un clair de lune,

le petit de gazelle !

 

Clair de lune éclatant

avec le rameau d’un saule,

Il s’avance, harmonieuse vibration ;

Et Sa taille est si fine

qu’Il fléchit en marchant.

 

Tout donner pour Sa rançon !

Lui, de taille mince et svelte,

volontiers, pour Son salut,

je deviendrai sourd et aveugle.

 

Dès l’instant où mon regard

s’est posé sur les aspects multiples

de Sa beauté,

éperdument je L’ai aimé.

Ô perfection de ce svelte maintien !

Fraîche prairie, verte splendeur !

 

Il a souri légèrement

lorsqu’Il a vu mon trouble.

Les dents de Sa bouche d’aromates

entre Ses lèvres

étincelaient.

 

Lorsqu’il eut développé

la finesse de Ses propos

j’ai senti en L’écoutant

un bien-être tout de douceur.

Lève-toi, ô prisonnier,

et fais ton butin

du but suprême de tes désirs !

 

Il se lève, dans un balancement

de rameau tendre,

ramage qu’agite la brise

légère, lorsqu’elle souffle

au point du jour.

 

Je L’ai étreint

de l’étreinte d’un assoiffé d’amour,

alors qu’en Lui, le vin nouveau

avait folâtré.

Ô ne cherche pas à savoir davantage...

 

Nous, dans un opulent jardin,

ô beauté de ce jardin

qui sous nos regards se déroule

ceint d’une couronne de perles

que les nuages porteurs de pluie

avaient déposées en présent !

 

Une colombe

murmure sa joie

sur les branches

et chaque rameau fléchit,

chaque rameau

chargé de fleurs,

chargé de fruits.

 

J’ai rejeté toute honte

dans le désir de Son amour,

et que cela m’était doux !

Transports de joie nés

avec la musique entendue,

douces mélodies

sur un luth sans cordes.

 

Et l’on polit la coupe,

et mon Bien-Aimé boit avec moi :

lune éclatante

entre les étoiles qui scintillent...

 

J’ai obtenu

ce que désirait ma passion,

la douceur de l’étreinte,

et le baume

d’une vie entière

en Sa compagnie,

sans calomniateurs et sans trouble.

 

Ô douceur de cette nuit !

Nous l’avons passée étendus sur des trônes,

côte à côte rangés,

couverts de rameaux fleuris,

glissant le long d’une rivière

de pur cristal.

 

Traduit de l’arabe par René R. Khawam

in, « La poésie arabe des origines à nos jours »

Editions Phébus, 1995

Du même auteur : L’Unique (21/09/2022)

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20 septembre 2023

Yûsui (? -) : « Solitaire automne... »

crédits-evamagazine[1]Momijigari – Crédits photo: Evemagazine

 

Solitaire automne –

un soupir ah ! le son

d’une cloche lointaine

 

Traduit du japonais par Roger Munier

In, « Haïkus des quatre saisons »

Editions du Seuil, 2010

 

 

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19 septembre 2023

Guillaume, duc d’Aquitaine, comte de Poitiers (1071 – 1127) : « Je ferai une petite chanson nouvelle... » / « Farai chansoneta n

William_IX,_Count_of_Poitiers[1]Portrait de Guillaume IX de Poitiers dans un arbre généalogique du xive siècle consacré aux rois d'Angleterre.

 

 

Je ferai une petite chanson nouvelle

avant qu’il vente pleuve ou gèle

ma dame me mesure et m’éprouve

de quelle manière je l’aime

elle a beau me chercher querelle

je ne me délierai pas de son lien

 

Je me rends à elle et me livre

elle peut en sa charte m’inscrire

et je ne me tiens pas pour ivre

si j’aime ma dame bonne

car sans elle je ne peux vivre

tant j’ai de son amour grand faim

 

Elle est plus blanche que l’ivoire

aussi aucune autre je n’adore

mais si bientôt je n’ai pas d’aide

si ma dame bonne ne m’aime

je meurs par la tête de Saint Grégoire

sans baisers en chambre ou sous branches

 

Qu’y gagnerez-vous dame belle

si vous m’éloignez de votre amour

voulez-vous vous mettre nonne

sachez que je vous aime tant

que je crains la douleur qui me blesse

si vous ne réparez pas les torts dont je me plains

 

Que gagnerez-vous si je me cloître

si vous ne me retenez comme vôtre

toute la joie du monde est nôtre

dame si nous nous aimons

là-bas à mon ami Daurostre

je dis et commande qu’il chante et ne hurle

 

Pour elle je frissonne et je tremble

car de tant bon amour je l’aime

je crois qu’il n’en est jamais née semblable

en beauté dans le sillage du seigneur Adam

 

 

Adapté de l’occitan par Jacques Roubaud

in, « Les Troubadours. Anthologie bilingue »

Seghers éditeur, 1980

Du même auteur :

«Tout éjoui je ressens en amour... » / «Mout jauzens me prenc en amar .. » (19/09/2020)

Puisque j’ai le désir de chanter... » / Pos de chantar m’es pres talenz... » (19/09/2021)

« À la douceur du temps nouveau... » / « Ab la dolchor del temps novel... » (19/09/2022)

 

 Farai chansoneta nueva

 ans que vent ni gel ni plueva

 ma dona m’assai’e-m prueva

quossi de gal guiza l’am

 e ja, per plag que m’en mueva

no-m solverai de son liam

 

Qu’ans mi rent a lieis e-m liure

qu’en sa carta∙m pot escriure

e nom’ en tenguatz per iure

s’ieu ma bonad dompna am

quar senes leis non puesc viure

tant ai pres de s’amor gran fam

 

Que pluz ez blancs qu’evori,

per qu’ieu autra non azori

si-m breu no-n’ai ajutori

gum ma bona Dompna m’am

morrai, pel cap sanh Gregori

si no-m baiz’en cambr’o sotz ram

 

Qual pro auretz dompna conja,

si vostr’amors mi deslonja

par que∙us vulhatz metre monja                             

e sapchatz quar tan vos am

tem que la dolors me ponja

si no-m faitz dreg dels tortz q’ie-us clam

 

Qual pro i auretz s’ieu m’enclostre

e no-m retenetz per vostre

totz lo jois del mon es nostre

dompna s’amdui nos amam.

lai al mieu amic Daurostre

dic e man que chan e no bram.

 

Per aquesta fri e tremble

quar de tam bon’amor l’am

qu’anc no cug qu’en nasques semble

en semblan del gran linh N’Adam

 

Poème précédent en occitan :

Marcela Delpastre : Prélude/ Preludi (01/04/2023)

 

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18 septembre 2023

Abdellatif Laâbi (1942 -) : Une maison là-bas

Abdellatif-Laabi+%25C3%25A0+la+villa+Empain+%2528c%2529+J%25C3%25A9r%25C3%25B4me+Hubert[1]Abdellatif Laâbi à la villa Empain. (c) Jérôme Hubert.

 

Une maison là-bas

 

Une maison là-bas

avec sa porte ouverte

et ses deux tourterelles

récitant inlassablement le nom de l’absent

Une maison là-bas

avec son puits profond

et sa terrasse aussi blanche

que le sel des constellations

Une maison là-bas

pour que l’errant se dise

j’ai lieu d’errer

tant qu’il y aura une maison là-bas

 

L’Arbre à poèmes

Editions Gallimard (Poésie), 2015

Du même auteur :

« Emmurée… » (12/04/2015)

 « Je m’en irai… »  (12/04/2016)

« Tu te souviens… » (12/04/2017)

Deux heures de train (12/04/2018)

J’aurai aimé t’emprunter tes yeux (12/04/2019)

« Ma femme aimée... » (12/04/2020)

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17 septembre 2023

Jean Lavoué (1955 -) : « Y a-t-il un point d’appui... »

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Y a-t-il un point d’appui

Pour soulever les mondes

Une lueur insigne

A l’affluent de soi

Y a-t-il un amour

Rendant nos mains fécondes

Un silence complice

Nous tirant vers la joie ?

 

Y a-t-il un soleil

Eclaboussant tout bas

Même quand les nuages

Le voilent à nos yeux

Y a-t-il un secret

Pour nos paix vagabondes

Même si la violence

Nous cerne pas à pas ?

 

Y a-t-il entre nous

Des matins de colombes

Des sentiers fraternels

Un salut accordé

Une terre défrichée

Un vent dans les feuillages

Un Voie qui s’entrouvre

Une nuit pardonnée ?

 

 

Ce rien qui nous éclaire

L’enfance des arbres éditeur, 56700 Hennebont, 2017

Du même auteur : 

« S’avancer sans craindre l’obscur ... » (22/09/2017)

« Nous marcherons ... » (22/09/2018)

« Oh ! Pays de naissance... » (21/09/2019)

« Si tu veux écrire ... » (17/09/2020)

« J’ai franchi le fleuve... » (17/09/2021)

« Ca y est tu remontes les biefs... » (17/09/2022)

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16 septembre 2023

Franck Venaille (1936 -2018) : « C'était bon d'avoir trente ans... »

Venaille[1]Couverture Revue Europe (détail)

 

C'était bon d'avoir trente ans et de vivre à Paris où tant de femmes ressemblent

     à des Gromaire

de caresser des nuques devenues timidement amies

en prononçant des paroles sans suite sans fin ni importance

banales et sereines parfois même imprévues

au rythme de la locomotive du sang des hardiesses et des désespoirs fulgurants

qui faisaient tituber maudire et regretter, parfois pleurer

souvent pleurer et nous réfugier dans une indifférence factice

prête à laisser jaillir ce feu qui nous consumait

au premier sourire à la première parole simplement aimable

à ce geste de la main vers notre main notre bras sur notre épaule

à nous qui marchions dévoré de tendresses et d'envies contradictoires

C'était bon de rire avec elles de parler avec elles de souffrir avec elles

et de tenter sa chance sans louvoyer

de dire notre détresse et notre solitude

et d'appeler encore plus de détresse et plus de solitude

déjà muré dans l'inextricable déchéance d'une vie aux espérances saccagées –

 

L’apprenti foudroyé

P.J. Oswald éditeur, 1969

Du même auteur :

 la tête contre la vitre… » (26/02/2016) 

 « Ainsi nous portons tous… » (26/02/2017) 

« Le marcheur d’eau… » (26/02/2018)

Cantos (07/09/2019)

« Et ne sachant pas vivre... » (16/09/2021)

« Malade à en vomir des pierres... » (16/09/2022)

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