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Le bar à poèmes
20 novembre 2023

Kamal Ibrahim (1942 - 2021) : Ventre articulé

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Ventre articulé

 

Je mets mon corps en silence

Je croise ma mort dans le bruit

Comme le vent je songe mes organes

Je verse mon cri dans le ventre muet

 

 

Le sang a démonté le bois

Par la peur qui sèche

A l’extrémité des mains

Le froid a repassé la terre

Le corps s’est déguisé

Le ventre neigeant s’est mis à mourir

 

Il y eut un orage dépecé par un loup

 

 

Je plais au sang

Pour un ventre qui s’aurore

Pour un pli décousu

J’entends le parapluie

D’une gaine qui me viande

J’habite un cri

Je ventre

 

 

La terre en vrac enchaînée dans une eau

Lorsque les mots très lourds lugubrent la distance

Comme un œil qui touche le retour

Le sang a vrai dire qui chausse une plaie

La mort qui seule une angoisse future

La cuisse brûlée où mangent les crayons

 

 

Je tarde un crâne qui recrâne

J’ai lait j’ai vie

J’amorce le froid jusqu’aux mètres de l’angoisse

Je touche Humide qui saigne à mon doigt

 

 

Je fais des yeux

Sans me mettre en voyage

A quelque pas d’un flocon de chair

Je verse mes doigts qui gouffrent l’Ici

Dans un crâne qui s’humide

Dans un ventre joui

Je neige après ma tempe

Je lave mes cris

 

 

L’espace le trou qui remince

Je sexe et je dalle

Par un cri qui broute à mon doigt

La touche de la distance

 

J’habite un meurtre rue d’amour

 

 

La mort viande

Editions P.J. Oswald, 1974

Du même auteur :

 La mort viande (20/11/2019)

D’un sang à l’autre (20/11/2020)

Sang déplié (20/11/2021)

Soir inédit (20/11/2022)

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