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Le bar à poèmes
6 janvier 2020

Nikolaï Alekseïevitch Nekrassov / Николай Алексеевич Некрасов (1821 – 1877) : « Ô fête de la vie ... » / « Праздник жизни - моло

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Ô fête de la vie, années de la jeunesse,

Je vous aurai tuées sous le faix du labeur ;

Je n’ai jamais été l’ami de la paresse,

Poète favori, gâté par le bonheur.

 

Si mes tourments cachés à la longue débordent

D’un cœur qui d’ordinaire en secret les retient,

J’écris, les mots rythmés me consolent, m’emportent

Au-delà des soucis du travail quotidien.

 

Je ne me flatte pas que notre peuple garde,

Ne fût-ce qu’un seul vers de ceux que j’ai laissés ;

Mon vers, mon vers austère, inhabile, angoissé,

N’a pas trouvé l’accent sur lequel on s’attarde.

 

Du souffle créateur il n’a pas la puissance,

Mais un sang trop bouillant le fait vibrer toujours ;

Triomphante, y claironne une sainte vengeance,

Il brûle d’un humain, d’un débordant amour.

 

Seul aux cœurs généreux ma louange s’adresse,

Le sot, je le flétris, aussi le malfaiteur,

Sa couronne d’épine au poète je tresse,

Au poète qui vit sans défense et sans peur.

1855

 

Traduit du russe par Katia Granoff

in, "Anthologie de la poésie russe"

Editions Gallimard (Poésie), 1993

Du même auteur :

 « Peux-tu nommer, ô ma terre natale » (06/01/2017)

« Est-ce le vent au fond des bois ? …»  (05/01/2018)

« La coupe est pleine... » (06/01/2019)

« Ô Muse !... » / « О Муза !... » (06/01/2021)

 

Праздник жизни - молодости годы -

Я убил под тяжестью труда

И поэтом, баловнем свободы,

Другом лени - не был никогда.

 

Если долго сдержанные муки,

Накипев, под сердце подойдут,

Я пишу: рифмованные звуки

Нарушают мой обычный труд.

 

Всё ж они не хуже плоской прозы

И волнуют мягкие сердца,

Как внезапно хлынувшие слезы

С огорченного лица.

 

Но не льщусь, чтоб в памяти народной

Уцелело что-нибудь из них...

Нет в тебе поэзии свободной,

Мой суровый, неуклюжий стих!

 

Нет в тебе творящего искусства...

Но кипит в тебе живая кровь,

Торжествует мстительное чувство,

Догорая, теплится любовь,-

 

Та любовь, что добрых прославляет,

Что клеймит злодея и глупца

И венком терновым наделяет

Беззащитного певца...

 

Poème précédent en russe :

Lermontov (Mikhaïl Iourievitch) / Лермонтов (Михаил Юрьевич)  : « Adieu, Russie, patrie pouilleuse ...» / « Прощай, немытая Россия ... » (15/11/2019

Poème suivant en russe :

Alexandre Sergueïevitch Pouchkine / Александр СергеевичПушкин  : Conversation entre le libraire et le poète /РАЗГОВОР КНИГОПРОДАВЦА С ПОЭТОМ (03/03/2020)

 

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Commentaires
S
C'est quand même d'un homme sans grand souci !, à cette date Dostoïevski venait de retrouver ses droits (il quitte le bagne en février 1854 et est alors relégué à Sémipalatinsk), alors le côté un peu désuet et romantique moral pleurnichard, en un mot le splendide isolement , excusez mais on ne peut y croire : Nekrassov se chouchoute et fait sa chochotte !!!
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