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Le bar à poèmes
18 décembre 2019

Czesław Miłosz (1911 - 2004) : Le fleuve majestueux / Powolna rzeka

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Le fleuve majestueux

 

Un printemps aussi beau que celui-là, cela fait longtemps

qu’il n’y en a pas eu ; l’herbe juste avant le fauchage

est abondante et pleine de rosée.

Dans la nuit, on entend quelqu’un jouer

au bord des marais, il y a une traînée rose

à l’est jusqu’au petit matin.

A une telle heure, chaque voix sera pour nous

un cri de triomphe. Gloire, douleur et gloire

à l’heure et aux nuages, à la chênaie verte,

le portail de la terre se fend, clef de la terre découverte,

l’étoile accueille déjà le jour. Alors pourquoi

tes yeux ont-ils gardé en eux cet éclat impur

comme les yeux de créatures qui n’ont pas connu

le mal et n’ont que la nostalgie du crime ? Pourquoi

à travers tes paupières plissées passe le brûlant

abîme de la haine ? A toi la domination,

à toi les nuages, anneaux dorés

qui jouent, les érables sur les routes chuchotent ta gloire.

Tu tiens de chaque être vivant

dans tes mains une bride invisible –

tu la tires -  et tout retourne en demi-cercle

sur le baldaquin appelé cirrus.

Et quels sont tes travaux ? Oh, elle t’attend,

la montagne couverte de sapins, où il n’y a qu’une esquisse

de grandes bâtisses, la vallée, où le blé

devrait pousser, la table, et la page blanche

sur laquelle un poème va peut-être naître,

joie et peine. Et la route se déroule

si vite sous nos pieds, une trace blanche s’étire,

à peine le regard prononce le bonjour,

déjà l’étreinte des mains faiblit, un soupir, la tempête est passée.

Et l’on porte alors le criminel à travers champs,

on berce ses cheveux gris, dans l’allée près du bord de l’eau

on le dépose, là où le vent de la baie enroule les drapeaux,

là où des groupes d’écoliers courent sur le gravier

avec un chant joyeux.

 

- « Pour que dans les jardins festifs ils boivent sur l’herbe au milieu des éclats

     de rire,

pour que sans savoir s’ils sont épuisés ou s’ils sont heureux,

ils prennent le pain des mains de leurs femmes enceintes.

Pour qu’ils ne baissent la tête devant aucun signe,

mes frères assoiffés de plaisir, joyeux,

prenant le monde comme leur silo, leur maison de joie. »

 

- « Oh, la racaille obscure sur le gazon vert,

les crématoires tels les rochers blancs,

et la fumée ressort des nids de guêpes mortes.,

Le bredouillement des mandolines étouffe les traces de grandeur

sur les ruines de la nourriture, au-dessus de la mousse devenue cendre

l’aube d’une nouvelle récolte, la poussière soulevée par les faux. »

 

Un printemps aussi beau que celui-là, cela fait longtemps

que le voyageur du monde n’en a pas connu. Le sang de la cigüe,

ainsi lui apparut la surface des eaux répandues

et la flotte des voiles qui couraient dans la nuit,

le dernier mouvement d’une note très pure.

Il a vu sur le sable des personnages projetés

sous la lumière de planètes tombant de la voûte céleste,

et quand la vague s’est tue, il y avait le silence,

le parfum de l’iode et de l’héliotrope montait de l’écume.

Sur les dunes, ils chantaient Marie, oh Marie

en posant leurs mains ensanglantées sur la selle

et le voyageur ne savait pas si c’était un nouvel emblème censé

apporter le salut, bien qu’aujourd’hui il tue.

Par trois fois devra se retourner la roue

des aveuglements humains, avant que sans crainte

je regarde le pouvoir endormi dans ma main,

le printemps, le ciel, et les mers et les terres.

Par trois fois doivent triompher les menteurs

avant qu’une grande vérité se ranime,

et se dresseront alors dans l’éclat d’un seul instant

le printemps, le ciel, et les mers et les terres.

 

Wilno, 1936

 

Traduit du polonais par Jacques Donguy et Michel Małowski

in, « Revue Europe, N° 902-903, Juin-Juillet 2004 »

Du même auteur :

Dante (18/12/2015)

CELA / TO (18/12/2016)

Sur la plage (18/12/2017)

A Allen Ginsberg / Do Allena Ginsberga (18/12/2018)

Capri (18/12/2020) 

Powolna rzeka

 

Tak pięknej wiosny jak ta, już od dawna

nie było; trawa, tuż przed sianokosem

bujna i rosy pełna. W nocy granie

słychać z brzegu moczarów, różowa ławica

leży na wschodzie aż do godzin rana.

O takiej porze każdy głos nam będzie

krzykiem triumfu. Chwała, ból i chwała

trawie i chmurom, zielonej dębinie,

rozdarte wrota ziemi, odkryty klucz ziemi,

gwiazda już wita dzień. Więc czemu twoje

oczy zamknęły w sobie blask nieczysty

jak oczy stworzeń, które nie zaznały

zła i za zbrodnią tylko tęsknią? Czemu

przez powieki znużone prześwieca gorąca

toń nienawiści? Tobie panowanie,

tobie obłoki w złoconych pierścionkach

grają, na drogach sława szepcą klony,

od każdej żywej istoty przebiega

do twoich dłoni niewidzialna uzda –

targniesz – i wszystko zakręca w półkole

pod baldachimem nazywanym cirrus.

A prace jakie są? O, ciebie czeka

jodłowa góra, na niej tylko zarys

wielkich budowli, dolina, gdzie zboże

wzrosnąć powinno, stół i biała karta,

na której może poemat powstanie,

radość i trud. A droga umyka

spod nóg tak szybko, ślad biały się smuży,

że ledwo wzrok wypowie powitanie,

już słabnie uścisk rąk, westchnienie, już po burzy.

I niosą wtedy polem okrutnika,

siwy kołyszą włos, w alei u wybrzeży

składają, gdzie chorągwie zwija wiatr zatoki,

kędy po żwirach biegną szkolnych gromad kroki

z pieśnią wesołą.

 

 

 

– „Aby w świątecznych ogrodach rżąc na murawach pili,

aby nic wiedząc, kiedy strudzeni, kiedy szczęśliwi,

chleb brali z rąk ciężarnych swoich żon.

Przed żadnym znakiem głowy nie ugięli,

bracia moi, rozkoszy spragnieni, weseli,

ze świata mając spichrz, radości dom”.

 

 

 

– „Ach, ciemna tłuszcza na zielonej runi,

a krematoria niby białe skały

i dym wychodzi z gniazd nieżywych os.

Bełkot mandolin ślad wielkości tłumi,

na gruzach jadła, nad mech spopielały

nowego żniwa wschód, kurzawa kos”.

 

 

 

Tak pięknej wiosny, jak ta, już od dawna

nie miał podróżny świata. Krwią cykuty

wód przestrzeń mu się wydała rozległa,

a flota żagli, która w mroku biegła,

ostatnim drgnieniem jakiejś czystej nuty.

Widział na piaskach rzucone postacie

pod światłem planet lecących ze stropu,

a kiedy milkła fala, cicho było,

z piany szedł zapach jodu? heliotropu?

Na wydmach Maria śpiewali, Maryja,

rękę zbroczoną składając na siodło,

nie wiedział, czy to jest to nowe godło,

które ma zbawiać, chociaż dziś zabija.

Po trzykroć winno się obrócić koło

ludzkich zaślepień, zanim ja bez lęku

spojrzę na władzę, śpiącą w moim ręku,

na wiosnę, niebo i morza, i ziemie.

Po trzykroć muszą zwyciężyć kłamliwi,

zanim się prawda wielka nie ożywi,

i staną w blasku jakiejś wielkiej chwili

wiosna i niebo, i morza, i ziemie.

 

Trzy zimy,

 

Związek Zawodowy Literatów Polskich, Warszawa, 1936

(Union des écrivains polonais, Varsovie)

Poème précédent en polonais :

WisławaSzymborska : Ca va sans titre / Może być bez tytułu (12/06/2019)

Poème suivantt en polonais :

Kazimierz Brakoniecki : Sur la route de Pont-Aven / Na drozde do Pont-Aven (07/01/2020)

 

 

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