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Le bar à poèmes
9 juillet 2018

André Du Bouchet (1924 – 2001) : Au deuxième étage

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Au deuxième étage

 

AU DEUXIEME ETAGE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En pleine terre, je sors des brindilles, des fenêtres,

comme une maison, dans l’air qui bat les murs de

cette demeure sans goût.

 

 

 

 

Ce qui est tangible et noir entre les deux fenêtres,

comme le mur où j’ai fini. Tout flambe, tout recom-

mence au-delà.

 

J’étais soutenu par la chambre dont je disposais.

 

Le ciel derrière l’arbre comme un ongle blanc, et la

gorgée de terre que nous avons bue d’un trait. J’ai

plongé deux fois dans la terre, jusqu’à l’horizon. Ce

vide bourgeonnant, ce foyer sans reflet, comme une

fenêtre.

 

 

 

 

Les murs retrouvés en déménageant, la pierre nue, ce

feu que la fatigue renie, comme deux brindilles, les

croisées sans éclat,

                                  remplie de ciel,

environné de bois, dans l’épaisseur ravinée.

 

A la seconde apparition de la terre, j’entre dans le front

blanc qui me domine, et que je ne remarque pas à côté

de moi. Ce front au-dessus de ma tête, très haut.

 

Tout rosit jusqu’au sol. Tout est chaleur, et pièce de

feu.

 

 

Ce feu comme une aile blanche, partout où l’air

souffle. Par cette trouée.

 

Je traverse l’image de la maison. Je ne m’imagine pas

réduit aux murs . A l’étendue de la chambre. Ailleurs,

le feu s’est resserré. La distance nous répare.

 

Comme le corps de la terre que l’étendue répare.

Nous sommes aérés, dispersés, séparés.

 

 

 

 

Il y a devant nous une montagne,

                                                            un morceau

                                                                               d’air

                                              formé par un fil.

 

 

 

 

 

 

Des papiers de tous les feux jusqu’au jour délavé. Une

voix aux fins éclats.         Cette terre qui s’étend sur toi

comme une main, partout où le ciel remplace le mur, le

plâtre nu,

                  au pied des pierres.

 

 

 

 

Cette calotte sauvage,

                                         sans air, sans arbres, qui se

calque sur la terre grossière, approximation grossière

de la terre.

 

La partie claire et blanche où le nuage se déchire, où

nous allons. Le genou contre la porte de bois, et cette

gorgée de terre,

                          cette toux.

A l’endroit du champ vide, je me suis plusieurs fois

déchiré.

 

Ce mur qui suffit pour tenir le soir. Quelques brins du

souffle serrés contre le front

 

          Grand champ obstiné

 

          embolie.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                                  Tout commence

à la montagne inachevée, à un moment de terre

perdu

 

 

Dans la chaleur vacante,

Editions du Mercure de France, 1959

Du même auteur :

Cession (26/06/2016)

Le moteur blanc (09/07/2017)

Ici en deux (09/07/2019)

Sur le pas (09/07/2020)

Dans la chaleur vacante (01/01/2021)

Sol de la montagne (09/07/2021)

Face de la chaleur (01/01/2022)

Ou le soleil (09/07/2022)

Le révolu (24/01/2023)

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