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Le bar à poèmes
20 juin 2018

Fernando Pessoa : (1888 - 1935) : « Lorsque viendra le printemps... / « Quando vier a Primavera... »

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 Le gardeur de troupeaux

 

Lorsque viendra le printemps,

si je suis déjà mort,

les fleurs fleuriront de la même manière

et les arbres ne seront pas moins verts qu’au printemps passé.

La réalité n’a pas besoin de moi.

 

J’éprouve une joie énorme

à la pensée que ma mort n’a aucune importance.

 

Si je savais que demain je dois mourir

et que le printemps est pour après-demain,

je serai content de ce qu’il soit pour après-demain.

Si c’est là son temps, quand viendrait-il sinon en son temps ?

J’aime que tout soir réel et que tout soit précis ;

et je l’aime parce qu’il en serait ainsi, même si je ne l’aimais pas.

C’est pourquoi, si je meurs sur-le-champ, je meurs content,

parce que tout est réel et tout est précis.

 

On peut, si l’on veut, prier en latin sur mon cercueil.

On peut, si l’on veut, danser et chanter tout autour.

Je n’ai pas de préférences pour un temps où je ne pourrai plus avoir de

     préférences.

Ce qui sera, quand cela sera, c’est cela qui sera ce qui est.

 

Traduit du portugais par Armand Guibert

In , «Fernando Pessoa : Le gardeur de troupeau et les autres poèmes

d’Alberto Caeiro »

Editions Gallimard, 1960

Du même auteur :

A la veille de ne jamais partir /Na véspera de não partir nunca  (20/06/2014)

 Ajournement / Adiamento (20/06/2015)

Passage des heures / Passagem das horas (20/06/2016)

Le Gardeur de troupeaux /O Guardador de rebanhos ((I-X) (20/06/2017)

 Le Gardeur de troupeaux /O Guardador de rebanhos (XI-XXX) (20/0/2019)

Le Gardeur de troupeaux /O Guardador de rebanhos (XXXI - XLIX) (20/06/2020) 

Le pasteur amoureux / O pastor amoroso (20/06/2021)

Poèmes désassemblés (I) / Poemas Inconjuntos (I) (20/06/2022)

Poèmes désassemblés (II) / Poemas Inconjuntos (II) (20/06/2023)

 

Quando vier a Primavera,

 Se eu já estiver morto,

 As flores florirão da mesma maneira

 E as árvores não serão menos verdes que na Primavera passada.

 A realidade não precisa de mim.

 

Sinto uma alegria enorme

 Ao pensar que a minha morte não tem importância nenhuma

 

 Se soubesse que amanhã morria

 E a Primavera era depois de amanhã,

 Morreria contente, porque ela era depois de amanhã.

 Se esse é o seu tempo, quando havia ela de vir senão no seu tempo?

 Gosto que tudo seja real e que tudo esteja certo;

 E gosto porque assim seria, mesmo que eu não gostasse.

 Por isso, se morrer agora, morro contente,

 Porque tudo é real e tudo está certo.

 

Podem rezar latim sobre o meu caixão, se quiserem.

Se quiserem, podem dançar e cantar à roda dele.

Não tenho preferências para quando já não puder ter preferências.

O que for, quando for, é que será o que é.

 

 

Poemas de Alberto Caiero

Ática, Lisboa, 1946

 

 

Poème précédent en portugais :

Antonio Ramos Rosa : Un homme obscur dans une ville lumineuse /Um homem obscuro numa cidade luminosa (02/09/2017)

Poème suivant en portugais :

Antonio Ramos Rosa: La maison / A casa (19/02/2019)

 

 

 

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