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Le bar à poèmes
8 janvier 2018

Mohammed Dib (1920 – 2003) : Etranger

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Etranger

 

Si ce n’est pas ce froid, qu’est-ce qui me signale ?

Le rêve mal dissous, l’ombre noire et la voix

Qui font pleurer l’enfant, ou la brume hivernale ?

C’est moi…moi, l’importun qui vous barre la voie.

 

Je ne suis mort ni vif, ailleurs est mon domaine.

L’enfer du ferrailleur est moins que moi rongé,

Moins diffus le retour inquiet d’une âme en peine ;

Le regard qu’on lui jette éloigne l’étranger.

 

Il est une pâleur, il est une couleur

Et sombre et claire, un jour vague entre chien et loup :

Le croirez-vous, je suis fait de cette douleur.

 

Je viens d’ailleurs, que vaut l’objet qu’on porte au clou ?

Et voici que grandit en moi l’incertitude,

Que s’approfondit plus encor ma solitude.

 

Ombre gardienne

Editions de la Différence, 2003

Du même auteur : Sur la terre, errante (12/08/10/2019)

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