Avec ce coeur de soufre et cette chair d’étoupe,
Avec ces os qui sont pareils à du bois sec,
Avec une âme qui dédaigne freins et rênes,
Avec un désir prompt et trop ardent, avec
Une raison aveugle, débile et boiteuse
Et les gluaux, les pièges dont le monde est plein,
Ce n’est pas grand merveille si, en un éclair,
Je flambe au premier feu qu’on rencontre en chemin.
Si pour l’art, qui demande le secours du ciel,
Mais triomphe avec lui de la Nature, encore
Qu’elle imprègne tout lieu, je ne suis né ni sourd
Ni aveugle, et suis par là même à la hauteur
De qui m’a dérobé, puis incendié le cœur,
La faute en est à qui m’a voué à brûler.
Traduit de l’italien par Pierre Leyris
1n « Michel-Ange, poèmes »,
Editions Mazarine, 1984
Du même auteur :
« A travailler tordu… » / « I’ ho già fatto un gozzo… » (14/01/2016)
« Quelle mordante lime… » / « Per qual mordace lima… » (14/01/2018)
« Tout ce qui naît ... » / « Chiunche nasce... » (14/01/2018)
Al cor di zolfo, a la carne di stoppa,
A l’ossa che di secco legno sièno;
A l’alma senza guida e senza freno
Al desir pronto, a la vaghezza troppa;
A la cieca ragion debile e zoppa
Al vischio, a’ lacci di che ’l mondo è pieno;
Non è gran maraviglia, in un baleno
Arder nel primo foco che s’intoppa.
A la bell’arte che, se dal ciel seco
ciascun la porta, vince la natura,
quantunche sé ben prema in ogni loco;
S’i’ nacqui a quella né sordo né cieco,
Proporzionato a chi ’l cor m’arde e fura,
Colpa è di chi m’ha destinato al foco.
Poème précédent en italien :
Giacomo Leopardi : Le soir du jour de fête /La sera del dì di festa (20/12/2016)
Poème suivant en italien :
Cesare Pavese : La terre et la mort / La terra e la morte (18/04/2017)