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Le bar à poèmes
1 avril 2016

Gérard Gay-Barbier (1942 - ) : « Basalte noir. Nuit de l’univers… »

   

pt109479[1]

 

 Basalte noir. Nuit de l’univers.

 

     Coulée vivante des mémoires friables de nos nuits de sable

et de sueur. Essayer de comprendre et d’approcher les anciennes

éruptions.

 

     Basalte d’ombre enrichi d’étincelles, assailli d’olivine. Froideur

douce de l’onyx et fraîcheur de la pierre. Tendresse des montagnes

bleues. Sensualité fluide de l’agate que des mains bientôt réchaufferont

en des jeux d’enfants.

 

     Translucidité de l’opale et pâleurs d’aubes.

 

     Reflets de ce qui fut, écho de celui qui est. De toutes ces vies

d’hommes, mineurs, orpailleurs, terrassiers, constructeurs, prêtres et

sorciers, musiciens et danseurs, il ne reste que des reflets et des échos

dans le secret des pierres.

 

     Le miel du minéral royaume brille encore de ses effets dans les

ténèbres murmurantes, il en appelle à la luminescence des roches

et aux  feux violents des pierres dures, il en appelle aux pierres des

apprentissages du monde et aux couteaux noirs de l’obsidienne

tranchant à vif le fragile destin des hommes.

 

     Obsédante obsidienne. Jugement du jade. Des jeux étranges et

troubles émanent du théâtre du monde !

 

 

     Pierre levée.

 

     Pierre levée debout de nos songes. Sable et silex, grès et granit.

 

     Pierre qui invoque par ses chants,  dans la grisaille de nos jours de

terres sèche et dans nos cours d’eau à sec, parmi la brique rouge des

murs dressés, troués, blessés de balles noires et de fleurs d’hibiscus,

pierre qui invoque par ses chants de stèles le silence habité des Anciens.

 

     Dans le jais et la gemme les ancêtres devinaient la Genèse du monde.

Dans le grenat foncé de l’escarboucle ils savaient voir et entendre battre

le cœur de tous les hommes.

 

     De la géhenne et des ténèbres ils nous appellent encore.

 

Le Haut sommeil.

Editions Eoliennes et A hélice, 1997

Du même auteur : « Amate de l’âme… » (01/04/2015)

 

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