Peu à peu se fait se ferme se défait le texte
l’espace enveloppe puis dissout au-delà de la nuit
ce qui dépasse le mince alignement des barrières de l’encre
rend nul ce mouvement de marée derrière la mémoire
l’immobile saisit bien avant le durcissement des muscles
la mort
n’a pas d’ombre
elle est regard qui ne regarde rien
noire transparence inexplicable
(plus loin le blanc caillé de l’air où tremble la voix)
ainsi a-t-on cru pouvoir lire quelques signes
cris jambages graves du silence
menhirs de l’écriture la plus humble
dressés dans le profil en creux du dieu absent
la pierre plate de l’air ne gardant place rare de gravure
qu’à l’exigence de l’urgent
du nécessaire et du nommé
« lui qui arrêtant le vent invente le cheval » crée le cavalier
laissant le feu s’acharner à sa perte et dormir dans le bois
quoi et qui nous sauve de l’étranglement quand se referment
dans l’espace les ondes de la chute ?
ces trous où certains tombent
avec des grimaces d’agression
et un souffle bloqué !
ce dernier mot qu’on regarde mourir dans la bouche
sans signification particulière
comme un insecte sous un verre retourné
os raclés des lettres alignement squelettes
dans chaque langue écrite
où dorment ceux qui peut-être savaient
la beauté est un acte rapide et sans raisons
elle inscrit ses étoiles en brisant les miroirs
et parle en foudroyant l’instant
après
c’est dans cette brûlure
que nous nous cachons pour être découverts
33 scarifications rituelles de l’air
Editions Henri Fagne, Bruxelles,1976
Du même auteur : « Le chant s’était tu… » (13/10/2014)