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Le bar à poèmes
21 octobre 2015

Werner Lambersy (1941 - 2021) : « Peu à peu se fait se ferme se défait le texte… »

 

lambersy[1]

 

Peu à peu se fait se ferme se défait le texte

l’espace enveloppe puis dissout au-delà de la nuit

ce qui dépasse le mince alignement des barrières de l’encre

rend nul ce mouvement de marée derrière la mémoire

l’immobile saisit bien avant le durcissement des muscles

la mort

n’a pas d’ombre

elle est regard qui ne regarde rien

noire transparence inexplicable

(plus loin le blanc caillé de l’air où tremble la voix)

ainsi a-t-on cru pouvoir lire quelques signes

 

cris jambages graves du silence

menhirs de l’écriture la plus humble

dressés dans le profil en creux du dieu absent

la pierre plate de l’air ne gardant place rare de gravure

qu’à l’exigence de l’urgent

du nécessaire et du nommé

 

« lui qui arrêtant le vent invente le cheval » crée le cavalier

laissant le feu s’acharner à sa perte et dormir dans le bois

quoi et qui nous sauve de l’étranglement quand se referment

dans l’espace les ondes de la chute ?

ces trous où certains tombent

avec des grimaces d’agression

et un souffle bloqué !

ce dernier mot qu’on regarde mourir dans la bouche

sans signification particulière

comme un insecte sous un verre retourné

 

os raclés des lettres alignement squelettes

dans chaque langue écrite

où dorment ceux qui peut-être savaient

 

la beauté est un acte rapide et sans raisons

elle inscrit ses étoiles en brisant les miroirs

et parle en foudroyant l’instant

 

après

c’est dans cette brûlure

que nous nous cachons pour être découverts

 

33 scarifications rituelles de l’air

Editions Henri Fagne, Bruxelles,1976

Du même auteur : « Le chant s’était tu… » (13/10/2014)

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