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Le bar à poèmes
19 mars 2015

James Sacré (1939 - ) : Trois figures qui bougent un peu : Figure 18

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Trois figurent qui bougent un peu

 

Figure 18

 

Des fois il est tard le silence est quand même là après le travail alors

on comprend soudain combien c’est dérisoire et presque  rien d’aimer

ça va passer quelqu’un s’en va comme toujours  en marge

Le vrai bonheur on sait pas trop quoi vraiment un geste

     un visage on n’a pas le temps même

quand c’est présent moment de désespoir anodin petit détail vif qu’on

 a vu feuillage dans un jardin parisien le travail

     c’est pas fini

peut-être pas bien fait ça continue le vrai bonheur est là.

 

C’est comme un peu on sait pas trop quel paysage traversé longtemps

j’y reviens cette espèce de pâtis clos dans les

     buissons

par exemple au fond d’un lieu provincial avec des herbes

     grandes

     un mauvais pré mais je ne sais plus quel arbrisseau fruitier

     pris dans ses ronces

j’ai l’impression que c’est lui plus tard dans la transparence

     à peine ensoleillée

jardins du Luxembourg à la fois la mélancolie la lumière

le temps qui s’en va la désuétude d’un palais sagement

     baroque

çà ressemble à un village oublié c’est comme un peu de

     temps traversé

la solitude rustique avec un silence en toits d’ardoise

     des chevreuils imaginaires l’étonnement.

 

Dans cette autre ville tellement musicale en marge de sa

vie quotidienne à cause de ses fontaines ses arbres la pierre

des hôtels particuliers ce dont je me souviens surtout c’est

la forme défaite tous les jours en fin de matinée grands

arrosages lumière les papiers les fruits perdus la forme défaite

d’un marché qui sentait bon les gens sont partis

     maintenant

çà fait que la musique a bougé c’est comme un geste

qui mêle dans la lumière un raisin écrasé avec la façade

     souriante d’une demeure du dix-huitième siècle

en même temps c’est triste parce qu’en fait çà ne veut

     sans doute rien dire.

 

In revue « Exit, N°10 -11, Hiver 1976-1977 », Paris, 1976

 

Du même auteur :

Presque rien à Sidi Slimane, le temps qui vient (07/06/2018)

Paysage au fusil (coeur) une fontaine) (I) (07/06/2019)

Paysage au fusil (coeur) une fontaine) (II) (02/12/2019)

Paysage au fusil (coeur) une fontaine) (III) (07/06/2020)

Paysage au fusil (coeur) une fontaine) (IV) (07/06/2021)

« Parfois l’âne arrive... » (07/06/2022)

Deux rushes de quinze vers chacun (07/06/2023)

 

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