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Le bar à poèmes
15 septembre 2023

Walther von Der Vogelweide (vers 1170 – vers 1230) : « L’été et l’hiver sont tous deux ... » / « Sumer unde winter beide sint...

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16.1

L’été et l’hiver sont tous deux capables

de réconforter un homme de valeur qui cherche le réconfort.

Mais celui-là est en fait de joie comme un enfant,

qui n’a pas connu celle que peut donner une femme.

C’est pourquoi, sachez-le bien,

il faut estimer très haut toutes les femmes,

et bien sûr, les plus nobles d’abord.

 

Comme un homme n’est bon à rien sans joie,

j’ai désiré moi aussi la trouver

auprès de celle de qui mon cœur, sans mentir,

m’a dit les hautes qualités en toute vérité.

Quand mon cœur envoyait ses regards vers elle,

ils lui rapportaient une bonne nouvelle

qu’il allait bondissant de joie.

 

Je ne sais pas très bien ce qu’il en est :

depuis longtemps mes yeux ne l’ont plus vue.

Sont-ce les yeux de mon cœur qui sont auprès d’elle

si bien que je n’ai pas besoin d’yeux pour la voir ?

Il y a là un miracle :

qui a donné à mon cœur le pouvoir de la voir

sans yeux en tout temps ?

 

Voulez-vous savoir ce que sont les yeux

avec lesquels je la vois par-delà tous les pays ?

Ce sont les pensées de mon cœur.

Grâce à elles je vois à travers les murs et les cloisons.

On a beau la garder comme on voudra,

mon cœur, mon désir et toute mon âme

là verront tout de même pleinement.

 

Aurais-je un jour le bonheur

qu’elle aussi me voit sans les yeux ?

Si elle me voit dans ses pensées,

Alors elle me récompensera de jolie façon des miennes.

Qu’elle me récompense de mes désirs

et m’envoie son bon vouloir,

quant au mien, qu’elle le garde pour toujours auprès d’elle

 

 

Traduit du moyen-haut allemand par

Danielle Buschinger, Marie-Renée Diot et Wolfgang Spiewok

In, « Poésie d’amour du Moyen Age allemand »

Union Générale d’Editions (10/18), 1993

Du même auteur :

« Quand les fleurs... » / « Sô die bluomen ... » (15/09/2019)

« Une attente pleine de joie... » / « Mich hât ein wünneclîcher wân... » (15/09/2020)

« Sous le tilleul... » / « Under der linden... » (15/09/2021)

« Le monde resplendissait de vives couleurs... » / « Diu welt was gelf... » (15/09/2022)

 

16.I

Sumer unde winter beide sint

guotes mannes tröst, der trôstes gert :

et ist rehter fröide gar ein kint,

der ir niht von wîbe wirt gewert.

dâ von sol man wizzen daz,

daz man elliu wîp sol êren,

und iedoch die besten baz.

 

Sit daz nieman âne froïde touc,

sô wolte ouch ich vil gerne fröide hân

von der mir mîn herze nie gelouc,

ezn sagte mir ir güete ie sunder wân,

swenn es dougen sante dar,

seht, sô brâhtens im diu maere,

daz ez fuor in sprüngen gar.

 

Im weiz niht wol wiez dar umbe sî :

sin gesach mîn ouge lange nie :

sin ir mînes herzen ougen bî,

sô daz ich ân ougen sihe sie ?

da ist doch ein wunder an geschehen :

wer gap im daz sunder ougen,

deiz si zaller zît mac sehen ?

 

Welt ir wizzen waz diu ougen sîn,

dâ mit ich  si sihe dur elliu lant ?

ez sint die gedanke des herzen mîn :

dâ mite sihe ich dur mûre und ouch dur want,

nû hûeten swie dunke guot :

sô sehent si doch mit vollen ougen

herze will und al der muot.

 

Wirde ich temer ein sô saelic man,

daz si mich  ân ougen sehen sol ?

siht si mich in ir gedanken an,

sô vergiltet si mir mîne wol,

mînen willen gelte mir,

sende mir ir guoten willen :

minen den habe iemer ir.

 

Des Minnesangs Frühling.I

Nouvelle édition revue par H.Moser et H. Tervooren.

37ème édition, Stuggart, 1982

Poème précédent en moyen haut-allemand :

Ulrich von Lichtenstein  : « Couleurs de l’été... » / « Sumervar... » (22/05/2023)

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