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16.VII

 

Sous le tilleul,

sur la lande,

là où se trouvait notre couche à tous deux,

là vous pourrez trouver

joliment foulées

les fleurs et les herbes.

Dans un vallon à l’orée du bois

Tandaradei,

joliment chantait le rossignol.

 

J’arrivai

dans la prairie

mon bien-aimé y était avant moi.

J’y fus si bien accueillie

- noble dame –

qu’ à jamais je suis comblée de bonheur.

M’embrassa-t-il ? Bien mille fois !

Tandaradei,

Voyez comme j’en ai la bouche rouge.

 

Il avait préparé là,

quelle splendeur !

une couche de fleurs.

Celui-là sourira

de tout son cœur,

qui passera par ce sentier.

Aux roses il pourra reconnaître,

tandaradei !

où reposai ma tête.

 

Que près de moi il ait été couché,

si quelqu’un le savait

(Dieu veuille qu’il n’en soit rien !), j’en aurai honte.

Ce qu’avec moi il fit,

que personne

ne l’apprenne jamais, que moi et lui,

et un petit oiseau

tandaradei !

qui, j’en suis sûre, sera discret

 

Traduit du moyen-haut allemand par

Danielle Buschinger, Marie-Renée Diot et Wolfgang Spiewok

In, « Poésie d’amour du Moyen Age allemand »

Union Générale d’Editions (10/18), 1993

 

Sous le tilleul

sur la lande,

où fut notre couche à tous deux,

vous pourrez trouver,

joliment foulées

et les fleurs et l’herbe.

A l’orée du bois dans un vallon :

tandaradaï,

       qu’il chantait bien, le rossignol.

 

Quand j’arrivai

dans la prairie,

mon bel ami ja s’y trouvait.

J’y fus par lui si bien reçue,

ma noble dame

que je suis heureuse  à jamais.

Me baisa-t-il ? Bien mille fois !

Tandaradaï.

       voyez comme en rougit ma bouche.

 

Il avait là ménagé,

si magnifique

une litière de fleurs.

Bien souriront

dedans leur cœur,

qui passeront par ce sentier.

Aux roses ils pourront bien savoir

tandaradaï,

       où ma tête a, lors, reposé.

 

Qu’il fut tout contre moi couché,

si quelqu’un venait le savoir

(Dieu veuille bien que non), je serais toute honteuse.

Ce qu’il fit avec moi,

que personne jamais

ne le sache, hors moi-même et lui,

ainsi qu’un tout petit oiseau

tandaradaï,

       qui sera discret j’en suis sûre.

 

Traduit de l’allemand par Danielle Buschinger et Jean-Pierre Lefebvre

In « Anthologie bilingue de la poésie allemande »

Editions Gallimard (Pléiade), 1995

Du même auteur :

« Quand les fleurs... » / « Sô die bluomen ... » (15/09/2019)

« Une attente pleine de joie... » / « Mich hât ein wünneclîcher wân... » (15/09/2020)

« Le monde resplendissait de vives couleurs... » / « Diu welt was gelf... » (15/09/2022)

« L’été et l’hiver sont tous deux ... » / « Sumer unde winter beide sint... » (15/09/2023)

 

 

 

 

16.VII

Under der linden

an der heide,

dâ unser zweier bette was,

dâ mugt ir vinden

schône beide

gebrochen bluomen unde gras.

vor dem walde in einem tal,

tandaradei,

schône sanc diu nahtegal.

 

Ich kam gegangen

zuo der ouwe :

dô was min friedel komen ê.

dâ wart ich enpfangen,

hêre frouwe,

daz ich bin saelic iemer mê.

kuster mich ? wol tûsentstunt :

tandaradei,

seht wie rôt mir ist der munt.

 

Dô het er gemachet

alsô rîche

von bluomen eine bettestat.

des wirt noch gelachet

inneclîche,

kumt iemen an daz selbe pfat.

bî den rôsen er wol mac,

tandaradei,

merken wâ mirz houbet lac.

 

Daz er bî mir laege,

wessez iemen

(nu enwelle got !) sô schamt ich mich.

wes er mit mir pflaege,

niemer niemen

bevinde daz, wan er unt ich,

und ein kleinez vogellîn :

tandaradei,

daz mac wol getriuwe sin.

 

Des Minnesangs Frühling.I

Nouvelle édition revue par H.Moser et H. Tervooren.

37ème édition, Stuggart, 1982

Poème précédent en moyen haut-allemand :

Heinrich Von Morungen : « Las !... » / « Owê,.. » (11/04/2021)

Poème suivant en moyen haut-allemand :

Tannhäuser : « L’hiver est fini... » / « Der winter ist zergangen... » (10/11/2021)