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Le bar à poèmes
16 juillet 2023

Salah Al Hamdani (1951 -) : Partie sans me dire qu’elle m’aimait

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Partie sans me dire qu’elle m’aimait

 

Elle est morte sans me dire qu’elle m’aimait

Je veux m’allonger comme un soldat vaincu

menotté par le marécage de la lune, une étoile en laisse à la main

et dans la bouche, un mot imprononçable

 

La journée est un bateau luisant dans l’improbable

Et la lumière se précipite dans un « je ne sais quoi »

 

La mort de ma mère est un mirage d’oiseaux infirmes

une terre qui émigre au pays de la sécheresse

Elle m’attend là-bas avec un sourire extravagant

 

Les mots sans origine

se brisent en moi

comme des nuages affolés

Il faut que je m’adresse à elle :

Tu vois, je fabrique un vent doux pour tes cheveux

et pour ton départ éternel

que des milliers de juments

veillent sur tes cendres

 

Tu gis à présent entre des feuilles et des soupçons de mort

 

Alors ne tousse pas, ne prie pas, ne meurt plus

Sache que la poussière dans ta bouche est déjà mienne

Un jour je reviendrai vers toi

portant le fardeau d’un vent léger

et j’arrimerai les bords flottant de ton attente

 

sans peur

je m’accrocherai à l’empreinte de tes pas

prêt à sauter à la gorge de la mort

 

Je ne veux pas regarder en arrière

je veux simplement

m’élancer avec toi.

 

 

Traduit de l’arabe par l’auteur et Isabelle Lagny

In, « Il fait un temps de poème. Volume 3 :  80 poètes par temps d’urgence.

Anthologie établie par Yvon Le Men »

La rumeur libre éditions, 2023  

Du même auteur : Au cœur de Bagdad (11/09/2021)

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