Le Requiem
La magnifique et sauvage déraison de la poésie
vous réfute, sectateurs de l’utile. C’est justement la
volonté de se délivrer de l’utile qui élève l’homme au-
dessus de lui-même.
Le Gai Savoir.
PREAMBULE
A force de vouloir être
Dans cette solitude où
De n’être rien les autres craignent
A force d’oublier de vivre
Traqué par la peur d’un esclandre
Evitant que n’importe quel
Joyeux drille ne s’aperçoive
De mon effort d’être je n’ose
Ni manger ni boire ni
M’attabler au bord de leurs danses
A force de vivre sous
L’uniforme mal connu
D’une légion étrangère
A force de me donner l’air
De n’avoir pas l’air à force
De m’engluer dans mes pièges
A force de me dire s’ils veulent
Voir mes papiers je suis perdu
Bref à force de feindre
D’être des leurs moi le voleur
Aux semelles de silence
A force de donner le change
Et pour l’ombre d’un bossu
Avoir pris celle des anges
Et d’alourdir mon scaphandre
D’œuvres de plus en plus suspectes
A la barque des beaux rameurs
A force de suivre les ombres
De fantômes sans châteaux
Styx sur tes désertes rives
Sans avoir vécu je meurs.
PREMIERE PERIODE
Le poète salue sa maladie
21 février 1959.
Salue bonne maladie
Ô sainte maladie ô chambre
D’Ursule où s’échafaude
Un Orient actif de princes
De scribes d’archers de pages
D’ambassadeurs enturbannés
De minarets de mâtures
Par la seule grâce d’un ange
Aux pieds ne touchant pas le sol
Bel ange de la maladie
Qui nous lave de la boue
Sur les trottoirs citadins
Eclaboussés par les carrosses
Me voilà faisant la planche
Sur les eaux du fleuve d’oubli
Dors Ursule dors chien d’Ursule
La main d’une palme armée
A travers les portes tu vins
Me vider de mon vin rouge
Ma danseuse sur les vagues
Vogue légère ma bouteille
Ma bouteille à la dérive
Ma folle bouteille à la mer
Salut chambre de malade
Lit de justice
Trône de roi
Salut mur des cris écrits
Merci prison grande ouverte
De témoigner contre moi.
*
Dans le soir vîmes voler l’aile
Enroulée au front du conscrit
Un chapeau qui de bois rayonne
Un Christ au chapeau de cris
Un Christ coiffé d’hirondelles
Un Christ auréolé d’elles
Un Christ couronné de cris
Et vîmes sur le toit du monde
Chinois manger leur bol de riz
J’ai peur d’apprendre où vous êtes
Iris noir brandissant le sexe des pistils
Et j’aimerais savoir où sont
Lhassa vos trompettes funèbres
Et j’aimerais savoir où sont
Les pilotes de ces trompettes
Qui franchissent le mur du son.
*
On m’a offert une rose
Rose à droite de ma couche
Lèvres que le soleil farde
Une exquise et fraîche blessure
Une drôle d’ouverture
Sur les tripes maternelles
Auprès de ma tête de mort
Bouche d’ombre pompant telle
Sa sœur aux nombreuses joues
Son parfum dans les tombeaux
Rose à paroles ni rouge
Ni jaune ni rose ni blanche
Qu’un reste de sang arrose
Au maigre sommet de mon corps
Puis-je comparer nos sondes
Lorsque la légère la lourde
Erige avec impudeur
En haut d’un col épineux
Sa petite bouche profonde
*
Ventre Saint-Gris sous cet arbre
Sous cet arbre aux membres secs
Les archers du roi vous pendent
Haut et court tirant la langue
Au vent d’automne qui vous berce
Epouvantails dont une branche
Soudain furieuse crache
Sa sève opaline vers
La naissance des mandragores
*
Il faut en entendre il faut
En voir de toutes les couleurs
En entendre et en voir de toutes
Les couleurs du vrai du faux
Il faut en voir pauvre Ursule
Et ce vieux drapé dans sa barbe
Sur les pendules
Tenant sa faux
*
Il y a longtemps que de mes
Lignes insignifiantes
J’ai fait une longue cravate
A mettre autour de votre cou
Promis au bourreau par vous cru
Distributeur de récompenses
Dans le petit matin cru
Un royal collier de chanvre
Où les grenats de votre sang
Goutte à goutte feraient merveille
Longtemps qu’une adroite main
De gloire à votre usage noue
Cet Ordre que la Toison d’or
A longue distance m’envie
Et que les hommes de la vie
Offrent aux hommes de la mort.
*
Irrésistiblement s’aimante
Une limaille de fer
Prompte à se grouper pour suivre
N’importe quel souffle de cuivre
Pleurez pleurez pauvres amantes
Rose au chapeau jeune soldat
Il y en avait de charmantes
Car cette aile sur le conscrit
Tombera mieux que feuille morte
Et toutes sur le seuil des portes
Bouche ouverte en forme de cri
*
C’est de la sorte que les mondes
S’ils nous craignent j’en doute fort
Sans être écoeurés par leurs rondes
Se bâtissent des châteaux forts
Et l’on vit l’étoile Absinthe
Accompagner dans sa chute
Celle du prince Lucifer
Et l’autre limaille de fer
Vouloir regrouper ses troupes
Et sa hâte des descendre
Par une échelle écarlate
Bousculait avec insolence
Les sauveurs au casque d’or
*
Quelque part en de faux cieux
Un temple érotique formé
Par des géants nus s’écroule
Et de roche en roche se perd
Au fond des gorges profondes
Bestiales musculatures
Herculéennes d’une équipe
Que déguisait en colonnes
L’architecte des Enfers
Ce sont eux voyez ce sont eux
Criaient des voix de fin du monde
Et leur innombrable avalanche
Nouant ses membres houleux
Par une chute sans fin
Punissait le temple feint
*
L’arbre de Noël Tannenbaum
Vertes sont ses feuilles refuge
De cette limaille sous forme
De noix d’or boules de couleur
Cheveux d’anges girandoles
Prenait on s’en doute racine
Dans l’appartement du dessous
Et ses racine n’étaient autres
Qu’un lustre en verre de Venise
Tortueusement riche d’où
Se détachent jusqu’au parquet
Constellé de naphtaline
Des mottes de terre meuble
Où pullule une colonie
De rouges noires et puantes
Et plates punaises des bois
*
Sésostris des malles conservent
Vos deux profils crochus d’aiglon
Côte à côte emballés par
Les embaumeurs sacerdotaux
Dans cette pyramide propre
A momifier cette espèce
De Phénix habile à renaitre
En dalinienne savante
Et sage phénixologie
*
Que dire en face de ce bloc
Géométrique apte à se taire
Pareil l’Eros aptéros
Espèce d’Icare dupe
Du chef mielleux de l’Olympe
En ruche travesti d’abeilles
*
Postiche était la barbe d’or
La saisissant entre le pouce
Et l’index il se change en elle
Sur son bouclier adapte
Le chef de la Méduse aux boucles de reptiles
Et cet or barbu jette en détournant les yeux
Dans le fleuve où boivent les dieux
Ce matin là c’était l’été
C’était l’été c’est le Léthé
C’est l’enfance de l’art sur ses bords allaité
*
Le clair de lune ayant posé ses sentinelles
Dormait le mot de passe à chacune d’entre elles
Et l’on voyait au loin par les créneaux des tours
Hélène s’affubler de ses riches atours
C’est alors d’un cheval de bois au ventre fée
Que descendit la mort en tueurs attifée
Et la froide ¨Pallas qui jamais ne s’assoit
Coupait en deux le ciel de soie
Ouvrait et fermait ses ciseaux
Et remplissait le soir d’un ouragan d’oiseaux
*
D’où sortez-vous décapité de plumes
Buste fait de becs criards
Les docteurs Goudrons et Plume
Surent vous peindre avec art
Un vrai radeau de la Méduse
Une barque de Charon
Le gondolier de la Duse
Maniant l’unique aviron
Et l’anneau nuptial du Doge
Vieux mari de l’Adriatique
On était aux premières loges
Pour voit la tragédie antique
Se jouer au musée de l’Homme
Ou bien au British Museum
*
Décapité de plumes rouges
Borne de haine écarlate
Faisan foudroyé par une
Décharge de chevrotine
Rubis du crime
Avec vos yeux de coquillages
Et par vos fiches transpercée
La Gorgone de Persée
*
Fleuve des morts firent la planche
Ceux couchés sur l’eau plate ils crurent
Qu’on pouvait se mirer dans
Un miroir que bouche n’embue
Mais ce fleuve n’ayant plus d’âge
Plutôt pareil à quelque marécage
Propice aux chasseurs de sarcelles
S’il ne trompe bec et plumes
Trompe les hommes sous le voile
D’un apiculteur photographe
Car de cette eau les dieux ont bu
Que n’y boive et prenne garde
Qui confondrait eau pure avec
Celle du miroir à manche
D’os où se mirent les morts.
*
Au fond voici de ma poche
La clef des songes et des champs
Même la clef de sol des chants
Voici sans vous faire un reproche
La pancarte des chiens méchants
Les pièges à loups et le piège
Du chevalier sous la neige
Avec le diable trichant
Chevalier de belle mine
Je vous trouve fort léger
Je vous avertis d’un danger
Le temps de compter jusqu’à trois
Le diable peut se faire hermine
Et tacher le manteau des rois
*
Ce fut le bouquet d’anémones
Sur une nappe mise par
Une plate neige où les drôles
De Breughel jouent sur le velours
Cœur de charbon cottes et dagues
Poison mortel dans les bagues
Arquebuses piques remparts
Et Jeanne dite la Pucelle
Avec ses jambes de métal
De chaque côté de la selle
Bref un bouquet au cœur noir
Que de sa main de vieux saule
Copiait Auguste Renoir
Tandis que nous vîmes au bord
D’un golfe Icare l’aptère
Déplumé de chaque épaule
Rejoindre l’amoureuse terre
Chacun son tour chacun son tour
Chacun son tour mieux vaut se taire
Mieux vaut ne pas monter au sommet de la tour
*
L’écu royal fait par la jointure des pouces
Le serment figurant l’écu
Crapauds capétiens des marais de Lutèce
Devîntes fleurs de lys et vous
Vieux druides aux serpes d’or
Ecrasant les gouttes de sperme
Du gui neuf danseurs de Saint-Guy
Du haut mal et des écrouelles
La Reine les beaux les belles
Aux fenêtres place de Grève
De Cartouche le corps imberbe
Virent les membres arracher
Sur quelle herbe sur quelle herbe
Sur quelle herbe avaient-ils marché
*
Le couteau d’un manche plus rare
Que sceptre royal asperge
D’écarlate les perles sur
Le poitrail du prince lorsque
L’hermine à mainte noire queue
Reçoit le jet du régicide
Lorsque l’échanson voit la bouche
Pleine d’ombre ouverte en silence
Britannicus avec ses mains
Sur son ventre plié en deux
Et tandis que pages évêques
Cardinaux ministres papes
Nobles sires et tristes sires
Il y en a pour tous les goûts
Vers le royaume des égouts
Louvre basculent dans vos trappes
Sous son bonnet d’as de pique
Catherine tirant la langue
Comme une élève qui s’applique
Pique une figure de cire
*
Sous un angle étrange la peau
Loin de l’os en pointe se drape
Vers le bas et vers le haut
Bat le nœud fluvial des veines
Bat en berne la chamade
Le tambour des nocturnes grappes
Quel joli chapeau d’églantines
Penché sur l’oreille gauche
Quelle couronne précieuse
Touchant l’épaule mise en pointe
Par l’absence de chemise
Par les câbles de bras en l’air
Avez-vous compris ce mélange
De sueur de glaires de morves
Et du coin entrouvert des lèvres
Comme d’un oeil crevé coule
La fontaine délicieuse
Où se désaltèrent les anges
*
Piège de Léonard Joconde
Un jeune drôle travesti
Allait intriguer le monde
Ah que le monde est donc petit
C’est de la sorte qu’on se change
En Vierge Victoire ou David
L’art d’accommoder le vide
Ou recette de Michel-Ange
Mais la rosace du centre
Déjouant le peuple élu
Glorifie un jeune ventre
Par la grâce d’un salut
*
HALTE
Hommage à Léonard
Le silence debout sans porte de sortie
Aspire au gel astral des recommencements
Et le délicieux reptile des amants
S’échappe de la touffe atroce des orties
A votre école Sade un attentif valet
Imite les détours où s’illustre le maître
Pour ce jeune coquin vivre est plus simple qu’être
Lorsque sa bouche d’ogre une perle avalait
Hirondelles du soir sont les pieds du cycliste
Dont la beauté s’ignore et derrière son dos
La vitesse en velours referme ses rideaux
Sur ses cornes et ses jambes paysagistes
Page médiéval d’une feinte pucelle
Reine du sceptre d’or auquel sa bourse pend
Toi le fakir hindou vêtu d’un seul serpent
Notre charmeur de pneus colle au cuir de la selle
Le voilà notre couple innombrable d’Adam
Et d’Eve elle un lac froid et lui le cou du cygne
Et la bête à bon Dieu sous leurs feuilles de vigne
Pour se réfugier cherche un buisson ardent
Ô merveille ce verbe auquel je m’abandonne
Ce silence complice et comprendre la main
D’un ange sac au dos sur le bord du chemin
Avec n’en doutez pas sourire de Madone
Halte
Le stratagème encore a réussi
D’où j’allais son index adroitement m’écarte
Et montre le royaume inconnu sur la carte
Où triomphe l’échec glorieux de Vinci.
Fin de la halte
5 mai 1959.
*
Un pied sur le sol un pied dans le vide
Boîte le poète vainqueur
De l’étranger qui le déhanche
Et retourne exprès vaincu
Dans un règne où se désincarne
Sa figure imaginaire
Un pied dans le vise un pied sur le sol
Le poète vainqueur boîte
Pareil aux enfants qui jouent
Au bord des trottoirs de leur ville
Et c’est à cette boiterie
Que la gloire le reconnaît
Un pied dans la veille un pied dans le songe
Le somnambule se meut
Sous les toits de lune où sanglotent
Les chats tourmentés par l’amour
Et l’adroite mort qu’il courtise
Le guide en lui tenant la main
*
Gordien tel était le nœud
De vipères sur le chef
De la Gorgone Méduse
Tel celui dont ma main d’aveugle
Cherche à dénouer lentement
Les initiales hostiles
Il semble voir le corbeau
Perché sur le buste antique
« Plus jamais » disait le bec jaune
« Plus jamais ne sera le beau »
*
Mes amis mes chers amis
Où la mort vous a-t-elle mis
Je n’avais qu’à tourner la tête
Déjà vous étiez où vous êtes
Et moi seul de l’autre côté
Chacun de vous me fut ôté
Comme on se perd dans une fête
Pas de poste dans leur patrie
Et n’attendez ni d’eux ni d’elles
Qu’ils puissent donner des nouvelles
Où sont Madeleine et Marie
Où sont Raymond et les deux Jean
Roland Marcel et nommerai-je
Ce Dargelos le bel élève
Armé d’une boule de neige
La voleuse qui les enlève
En a voulu pour son argent
HALTE
Amis inconnus chers amis
Il me fut donné d’être dupe
Et de battre la campagne
Et les plus hautes certitudes
Jouer à pair ou impair
Ivre de sotte gloriole
Cela m’a sauvé d’une pente
Sur laquelle en ligne droite
Vous glissez et m’a permis
A vingt et un ans de renaître
D’accrocher aux églantines
A gauche de la porte étroite
La peau monte d’où je sors
Et dans ma vieille âme enfantine
Sachant enfin que qui perd gagne
Apprendre que qui gagne perd
Fin de la halte
*
Je m’incline au passage afin
Que vos noms par la poésie
De siècles en siècles se lèguent
Considérables idoles
Pour qui la richesse n’est rien
Que socle en or des solitudes
Sachant mieux que ceux qui savent
Laurés par la mystérieuse
Ecole où nul maître n’enseigne
Le secret des hautes études
Vous qui de moi n’avez rien lu
Ou presque et dont je ne parle
Pas la langue natale Duc
De Westminster Aga Khan
Lord Beaverbrook vieux camarade
Sachant m’envelopper d’une onde
Chaude même après la mort
De quel magique manteau
De quelle phosphorescence
Suis-je vêtu de quel aura
Ceinte ma tête distante
Pour que de votre dédain
La glace à mon approche fonde
Fondent vos cuirasses de neige
Et que votre geste ordonne
Qu’on abaisse mon usage
Les ponts-levis qui vous enferment
Dans vos invincibles châteaux
Par quels sens par quels radars
Avez-vous respecté mes nombres
Et pourquoi sourds à mes paroles
M’apprîtes-vous vieux pirates
Le Sésame de vos cavernes
*
Prenez garde aux Ides
De mars un sabot fendu
Haut levé dans le vide
Pan vous écouterait-il
Dirait-on pas son tortil
Les cierges de la chapelle
Suant de peur à grosses gouttes
Autour de la Vierge espagnole
Elle écoutait de tout son corps
Le duc rouge sonner du cor
Et les aboiements de la meute
Mais si la Madone l’abrite
Sous son glorieux manteau
Ce n’est se dira l’émeute
Qu’un soldat mort dans sa guérite
Assassiné par sept couteaux
COSI FAN TUTTE
On me conte tu deviens vieille
Et que puissent-il mentir
Ta beauté regarde partir
Ce qui la rendait sans pareille
On me dit que ce qui m’a plu
Et te faisait de tous aimée
Va s’évanouir en fumée
Et que rien n’en reste plus
Puisque le mal est fait ne puis-je
Rafraîchir l’eau de tes yeux pers
Et par quelque amoureux prodige
Te donner la fleur que je perds
*
Entre les barbelés coupés de miradors
Tombait mollement la neige chinoise
Et le grand lac bleu nommé Koukou Nor
Ignorai la France et ma Seine-et-Oise
J’y cherchais le sommeil comme les chercheurs d’or
Car libre enfin se croit un prisonnier qui dort
Je me suis décollé de toi colle presque
Exquise de mon refuge
Non loin des lieux où mon sang devint fresques
Mais loin du tribunal des juges
J’ai dormi j’ai rêvé j’ai lu
Peu à peu libre en ma cellule
Mouche j’aimais mon miel oiseau j’aimais ma glu
Ma vibrante immobilité de libellule
Voici le nouveau masque adopté par mon piège
L’ennemi revêtu des armes de l’ami
Le plomb accroché sous le liège
Ma bouteille vide à demi
Serait-ce à votre droite assise séquestrée
Perséphone inclinant la tige du pavot
Et son lait allégeant la moelle de mes os
De ma chambre un dragon interdisait l’entrée
*
Vise tueur au bout du pistolet des cygnes
Cet éternel présent qui se nomme demain
Car si Minerve pose un temple sur sa main
C’est pour dissimuler qu’elle n’a pas de lignes
Pauvres enfants tendez vos rouges tabliers
L’homme de ses malheurs veut être responsable
Vous n’y recevez que le sable
Qui s’écoule des sabliers
HALTE
Tombeau de Cléopâtre
Océanique un socle à jamais étonné
Par Cléopâtre offerte aux robustes fatigues
Cependant qu’une mort sourde aveugle et sans nez
Dissimule son noir paraphe sous des figues
Oracle ou mythe ou songe ou mirage des mers
Eussent-ils ces Romains dupes de gloire vaines
Et du naïf orgueil d’un triomphe à l’envers
Mieux que l’aspic mordu les pampres de ses veines
Mais non morte pareille aux Pharaons tapis
Dans l’ombre de vos sépulcres géométriques
Egypte ou bien roulée en un riche tapis
Oriental trésor d’une arrière-boutique
Pégase il jaillissait des pourpres de son cou
L’aile gluante encore et plumes que déploie
Le farouche éventail des neuf muses jusqu’où
Suivre un autre cheval sur les remparts de Troie
Fin de la halte
Le Requiem
Editions Gallimard, 1962
Du même auteur :
« Je n’aime pas dormir… » (19/01/2014)
« Contre le doute… » (19/0120/15)
Préambule (07/04/2016)
Prairie légère (07/04/2017)
Le chiffre sept (07/04/2018)
La forêt qui marche (06/04/2019)
Le séjour près du lac (07/04/2020)
Le Requiem : Deuxième période (07/04/2022)