Jean Cocteau (1889 – 1963) : Mensonges
Jean Cocteau par Jacques-Emile Blanche (1913). Crédit photographique :Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Mensonges
Tu mens ! c’est un ver qui me ronge
Tu ne peux pas faire autrement
Ta vérité, c’est le mensonge
Tu mens, mon bien-aimé, tu mens,
Oui je sais, je crois que tu m’aimes
Je connais tes vrais sentiments
Mais tu mens, tu mens tout de même,
J’ai pris un menteur comme amant.
Et il n’y a rien, rien à faire
Tu mens con-ti-nu-elle-ment
Les choses les plus innocentes
Sont prétextes à ton défaut.
Ne crois-tu pas que l’amour sente
Le poids léger du vrai et le poids mort du faux.
Pourquoi m’entourer de cette ombre
Et n’avoir pas cette beauté
De me dire où tu as été.
Non, non, le mensonge t’encombre
L’autre jour... Oh ! tu peux t’asseoir
Tiens, tiens ta bouche se contracte
Parce que je sais d’où tu sortais chaque soir
Et que ton histoire était inexacte
Qui te demande des serments...
Reste là, je passe l’éponge
Puisque tu aimes le mensonge
Et que tu m’aimes, mens...mens... mens
Poèmes épars (1930 - 1944)
Oeuvres poétiques complètes,
Editions Gallimard (Pléiade), 1999
Du même auteur :
« Je n’aime pas dormir… » (19/01/2014)
« Contre le doute… » (19/0120/15)
Préambule (07/04/2016)
Prairie légère (07/04/2017)
Le chiffre sept (07/04/2018)
La forêt qui marche (06/04/2019)
Le séjour près du lac (07/04/2020)
Taches (07/04/2021)
« Peu m’importe la pluie... » (07/04/2022)
Par lui-même. (07/04/2023)