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Le bar à poèmes
3 octobre 2020

Emile Verhaeren (1855 – 1916) : Fleur fatale

verheren_cm[1]

 

Fleur fatale

 

L'absurdité grandit comme une fleur fatale

Dans le terreau des sens, des coeurs et des cerveaux ;

En vain tonnent, là-bas, les prodiges nouveaux ;

Nous, nous restons croupir dans la raison natale.

 

Je veux marcher vers la folie et ses soleils,

Ses blancs soleils de lune au grand midi, bizarres,

Et ses échos lointains, mordus de tintamarres

Et d'aboiements et pleins de chiens vermeils.

 

Iles en fleurs, sur un lac de neige, nuage

Où nichent des oiseaux sous les plumes de vent ;

Grottes de soir, avec un crapaud d'or devant,

Et qui ne bouge et mange un coin du paysage.

 

Becs de hérons, énormément ouverts pour rien,

Mouche, dans un rayon, qui s'agite, immobile

L'inconscience douce et le tic-tac débile

De la tranquille mort des fous, je l'entends bien !

 

Les soirs

Edmond Deman éditeur, Bruxelles, 1888

Du même auteur :

Le vent (06/02/2016)

« Dès le matin... » (05/05/2017)

La folie (14/05/2018)

La pluie (03/10/2019)

Les plaines (03/10/2021)

Le départ (03/10/2022)

La neige (03/10/2023)

 

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