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Le bar à poèmes
16 juin 2020

Heinrich Heine (1797 – 1856) : « Le pâle soir descend sur la mer... » / « Abendlich blasser wird es am Meer... »

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     Le pâle soir descend sur la mer ;

Tout seul, comme une âme en peine,

Un homme est assis là-bas, sur la grève déserte ; 

Il lève ses yeux glacés de moribond

Vers les mornes espaces du firmament,

Puis regarde la mer, immense et ondoyante. –

Et par-dessus l’immense et ondoyante mer

S’envolent ses soupirs, semblables à des aéronautes ;

Puis ils reviennent, tout attristés

D’avoir trouvé fermé ce cœur

Où ils pensaient jeter l’ancre. –

Tant il gémit que les blanches mouettes,

Tout effarouchées, s’élancent de leurs nids de sable,

Et voltigent par bandes autour de sa tête ;

D’un air goguenard, il leur dit ces mots :

     Oiseaux aux pattes noires

Qui planez sur la mer avec vos ailes blanches,

Oiseaux aux becs recourbés qui buvez l’eau de mer

Et mangez la chair huileuse des phoques,

Votre vie est amère comme votre nourriture,

Tandis que moi, heureux mortel, je ne prends que des douceurs.

Je me délecte du doux parfum de la rose,

Cette fiancée du rossignol qui se nourrit de clair de lune :

Je me délecte encore de pâtisserie délicieuse,

Toute fourrée de crème de mousseline ;

Et je me délecte aussi de la plus douce des choses :

Aimer d’un tendre amour et être payé de retour.

(Le chant des Océanides)

 

Traduit de l’allemand par Albert Spaeth

In, Heinrich Heine : « Le livres des Chants »,

Editions Aubier-Montaigne, 1947

Du même auteur :

Les tisserands de Silésie / Die schlesischen Weber (16/06/2021)

Questions / Fragen (06/06/2022)

 

Abendlich blasser wird es am Meer,

Und einsam, mit seiner einsamen Seele,

Sitzt dort ein Mann auf dem kahlen Strand,

Und schaut, todkalten Blickes, hinauf

Nach der weiten, todkalten Himmelswölbung,

Und schaut auf das weite, wogende Meer -

Und über das weite, wogende Meer,

Lüftesegler, ziehn seine Seufzer,

Und kehren zurück, trübselig,

Und hatten verschlossen gefunden das Herz,

Worin sie ankern wollten -

Und er stöhnt so laut, daß die weißen Möwen,

Aufgescheucht aus den sandigen Nestern,

Ihn herdenweis umflattern,

Und er spricht zu ihnen die lachenden Worte: 

 

«Schwarzbeinigte Vögel,

Mit weißen Flügeln meerüberflatternde,

Mit krummen Schnäbeln seewassersaufende,

Und tranigtes Robbenfleisch fressende,

Eur Leben ist bitter wie eure Nahrung!

Ich aber, der Glückliche, koste nur Süßes!

Ich koste den süßen Duft der Rose,

Der mondscheingefütterten Nachtigallenbraut;

Ich koste noch süßeres Zuckerbackwerk,

Gefüllt mit geschlagener Sahne;

Und das Allersüßeste kost ich,

Süße Liebe und süßes Geliebtsein.

(Der Gesang der Okeaniden)

 

Buch der Lieder

Hoffmann und Campe Verlag, Hamburg, 1827

Poème précédent en allemand :

JohannesBobrowski : Tour de voiture / Wagenfahrt (26/04/2020)

Poème suivant en allemand :

Johann Wolfgang von Goethe : Navigation / Seefahrt (23/06/2020)

 

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