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Le bar à poèmes
24 août 2019

Bernadéte Bidàude (1968 -) : « Comme mille signatures ... »

    

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     Comme mille signatures

     sur nos peaux de vivants,

     cicatrices et brûlures

     ampoule grattée jusqu’au sang

     mille et une traces sur la peau de nos âmes

     mille et une rides nous racontent et nous tissent

     grains de sable, égratignures

     raies blanches et coutures

     brûlures et cicatrices

     taches de naissance

     rides, stigmates et tatouages

     et aussi tout ce qui ne se voit pas...

 

   Y a la peau d’pêche d’Isabelle qu’affole le monde des deux sexes

la peau d’orange de Marie-Ange qu’embaume la caisse de chez Leclerc

la peau d’banane de Mémé Suzanne que les morveux glissent sous ses savates

la peau d’ange du petit Clément que sa mère couve si pieusement

la peau d’serpent du gars Vincent qu’a dans la peau la petite Margot,

la peau d’vipère de la mère Henriette qu’à jamais pu sentir Paulo,

et la vieille peau d’Monsieur Jobert qui supporte pas les noirs de peau

alors Alice qui a la niaque a promis de lui faire la peau.

     Ainsi va tout ce beau monde

     à fleur de plume

     à fleur de poil

     à fleur de peau.

 

 

 

    

       Comme mille signatures

     sur nos peaux de vivants,

     brûlures et cicatrices

     ampoule grattée jusqu’au sang

     mille et une traces sur la peau de nos âmes

     mille et une rides nous racontent et nous tissent.

     grains de sable, égratignures,

     raies blanches et coutures,

     brûlures et cicatrices

     taches de naissance

     rides, stigmates et tatouages

     et toutes les invisibles traces ...

 

     Je te titille, tu te grattes

     je t’effleure, tu te tâtes

     tu me masses, tu me touches

     je te flatte, je te chatouille

     tu me pétris, je te frotte

     tu me palpes, je te tripote

     tu me pinces ... Aïe !

 

Y a la peau d’pêche d’Isabelle qu’affole le monde des deux sexes

la peau d’orange de Marie-Ange qu’embaume la caisse de chez Leclerc

la peau d’banane de Mémé Suzanne que les morveux glissent sous ses savates

y a la peau d’ange du petit Clément que sa mère couve si pieusement

la peau d’serpent du gars Vincent qu’a dans la peau la petite Margot,

la peau d’vipère de la mère Henriette qu’à jamais pu sentir Paulo,

et la vieille peau d’Monsieur Jobert qui supporte pas les noirs de peau

alors Alice qui a la niaque s’est juré de lui faire la peau.

 

     Ainsi va tout ce beau monde

     à fleur de plume

     à fleur de poil

     à fleur de peau.

 

 

 

 

     Comme mille signatures

     sur nos peaux de vivants,

     brûlures et cicatrices

     ampoule grattée jusqu’au sang

 

     mille et une traces sur la peau de nos âmes

     mille et une rides sur la peau de nos vies

 

     dragons et papillons

     fleurs de paradis,

     filles voluptueuses

     prénoms de nos folies

     jalonnent les épidermes

     balisent les corps

     tatouent les cuirs

     de nos histoires

 

     entre caresseurs et tueurs

     trop d’empreintes digitales

     trop de signes possessifs

     sur les corps abandonnés

     trop d’emprises sur la chair

     sur la tendresse de nos âmes

     sur le tendre des peaux

     on ne s’y reconnaît plus

 

     entre amoureux et tueurs

     trop d’empreintes digitales

     sur la peau des passions

     trop d’emprises dessinées

     sur la tendresse des chairs

     trop de signes possessifs

     sur les corps abandonnés

     on ne s’y reconnaît plus

 

     Ainsi va tout ce beau monde

     à fleur de plume

     à fleur de poil

     à fleur de peau.

 

 

 

     

       Comme mille signatures

     sur nos peaux de vivants,

     cicatrices et brûlures

     ampoule grattée jusqu’au sang

 

     Mille et une traces sur la peau de nos âmes

     Mille et une rides sur la peau de nos vies

 

     Sous ton cuir, j’entends un rire

     tu sens une peine sous ma couenne,

     changer de souffle, de pieds, de ventre,

     devenir un battement d’aile

     soulever la peau de l’aube

     le voile de tous nos rêves

 

     Ainsi va tout ce beau monde

     à fleur de plume

     à fleur de poil

     à fleur de peau ?

 

 

 

 

     Comme mille signatures

     sur nos peaux de vivants,

     brûlures et cicatrices

     ampoule grattée jusqu’au sang

 

     mille et une traces sur la peau de nos âmes

     mille et une rides nous racontent et nous tissent

 

     grains de sable, égratignures

     raies blanches et coutures

     brûlures et cicatrices

     taches de naissance

     rides, stigmates et tatouages

     et toutes les invisibles traces.

 

     Je te titille, tu te grattes

     je t’effleure, tu te tâtes

     tu me masses, tu me touches

     je te flatte, je te chatouille

     tu me pétris, je te frotte

     tu me palpes, je te tripote

     tu me pinces ... Aïe !

 

Y a la peau d’pêche d’Isabelle qu’affole le monde des deux sexes

la peau d’orange de Marie-Ange qu’embaume la caisse de chez Leclerc

la peau d’banane de Mémé Suzanne que les morveux glissent sous ses savates

y a la peau d’ange du petit Clément que sa mère couve si pieusement

la peau d’serpent du gars Vincent qu’a dans la peau la petite Margot,

la peau d’vipère de la mère Henriette qu’à jamais pu sentir Paulo,

et la vieille peau de Monsieur Jobert qui supporte pas les noirs de peau

alors Alice qui a la niaque s’est juré de lui faire la peau !

 

     Ainsi va tout ce beau monde

     à fleur de plume

     à fleur de poil

     à fleur de peau.

 

Fleur de peau

Traces éditeur, 80540 Saint-Benoist-sur-Mer, 2009

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