Tu es clos dans ta chair.
Les mots te lèchent
Le squelette,
Tu vois
Loin de ton œil
Des nerfs, des muscles,
Des organes.
Quelqu’un
En toi se fracasse
Et tu es déchiré
Entre paupières et mémoire.
Tu es debout
Avec la clameur de tes Toi :
Alors je te romps,
Te parle de l’essaim
Des neiges
Et ma main touche la Nuit.
*
Là, en sommeil,
Un corps existe
A détruire la Nuit :
Tu marchais en moi
La grande épousée,
Ta douceur était une ronce
Et loin des forêts
Des portes closes se levaient.
Tu marchais en toi
Lointaine et j’étais
une vie sans dormir.
Là, en morte,
Je te vois
Auprès de ma chair
Et ta voix est cri de rêveuse.
*
- L’œil existe ?
Je cherche
Des iris, des bouches, des sourcils
Pour construire un vivant
Sans organes.
Je dis
La pierre perdue
Et cherche des planchettes
A l’inscription en bois.
Je veux être un manuscrit,
Une épave de mots,
De dérive, de clameurs :
Que l’Homme soit magique
Pour que cesse la réalité.
Devenir dessins,
Gravures dans le roc
Et écrire soudain :
« J’entre en vie. »
(Empreintes, papiers)
Revue « L’Etoile et la Clef, N°3, avril-juin 1976 »
Bruxelles, 1976
Du même auteur :
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