Explorés du feu
I
En Toi étroite
Me déserte :
A tes sources
Mon corps
Eveille ta réponse.
Au plus haut
De nous
Je comble à te veiller
Pour te lire
Sur mon visage.
Tu influes ta parole
Dans mon sang
Et dur sur ta peau
J’écoute
Tes mains me parler.
II
Entré dans tes gisements
Je parle
Le Feu qui nous révèle
Et sacre
Notre souffle.
J’apprends sur tes lèvres
A toucher la Nuit
Et dormir la clarté.
Je dis
En Toi le Dehors
Où s’inscrit la fusion
Et nous comblés
L’un de l’autre.
III
Terre
De Toi dans la cendre
O Sens des Eaux
En ta chair
Où je bois !
J’écoute
Tonner dans mon sexe
Ta foudre
Où roule mon crâne.
Au-delà
La lumière acquise
Repeuple la Mer
Et nous nomme
Plus loin que la mémoire
IV
A ton cri
Me fonde sur la terre
Mêlé dans l’oeil
De tes chairs
Où je gravis le Dieu.
Femme
A l’envers de l’Homme
Devenue semblable :
Dites l’Etre nouveau
A ma force
Lorsque dénudé
Nous revivons
La métamorphose des choses.
V
Emmuré dans tes chairs
Je me dresse
Et me noue
A venir vers Toi
O lierre noir
De ton ventre
Et rameau
De mes jambes :
En toi me croître
Et délier tes râles.
Ouvert sur le Temps
Je te vois allumer mon nom
Dans le Jour
VI
En Moi revenu
Je me dévêts
O failles de vos courbes !
Sur elles prends lieux
A m’avancer :
Profondeur des lèvres
Dans l’incendie !
O chair par moi fendue
Qui éveille offrande et don,
A vous toucher m’accomplis.
VII
Que le matin
Eveille nos seuils.
Je vois
La violence d’être Toi
A l’autre versant
De Moi :
Je brûle mon sang
Où des soleils
Dorment au fond de Nous.
VIII
Au centre de la plénitude.
Simple
Contre l’Absence
Nous regardons l’Autre
Dans sa présence ouverte.
L’Homme
Mêlé à la Femme
Gagne son ombre
En la ténèbre.
IX
Tu instaures en Moi
Celui qui te nomme.
Fondé à ton mystère
Je dis le terme
De tes refuges.
Nous inventons la braise
Pour découvrir l’Inventé
Le Feu nous explore.
X
Dans nos os rassemblés
Notre âge
S’approche de l’étreinte.
Racines
De Nous
En toi transmuées !
O Sainte face du corps !
XI
A tes chutes
Je respire
Ta naissance.
Je dis
Une parole de règne
Devant tes yeux
A gravir la Nuit
Tu ouvres la Mort
Et m’emporte
Sur Toi
XII
Je te prophétise
Sur ma peau.
Renaître à ton partage
Et dormir dans nos fièvres
Me semble parler
A l’interrogation.
Tu es
Ma douleur en la Joie
La venue du fond du vide.
Revue « Poésie 1, N°17, Juillet 1971 »
Editions Saint-Germain-des-Prés, 1971
Du même auteur :
La dissimulation révélée (24/03/2017)
« Tu es clos dans ta chair… » (24/03/2018)
Je rêve de pleurs et de froid (24/03/2019)
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