Aimé Césaire (1913 – 2008) : Fragments d’un poème
Fragments d’un poème
Je dis qu'il faut être voyant
se faire voyant
Rimbaud
Et voici par mon ouïe, tramée de crissements
et de fusées, syncoper des laideurs rêches,
les cent pur-sang hennissant du soleil,
parmi la stagnation.
Ah ! je sens l'enfer des délices
et par les brumes nidoreuses imitant de floches
chevelures - respirations touffues de vieillards
imberbes - la tiédeur mille fois féroce
de la folie hurlante et de
la mort !
Mais comment, comment ne pas bénir,
telle que ne l'ont point rêvée mes logiques,
dure, à contre-fil lézardant leur pouac, ramas
et leur saburre, et plus pathétique
que la fleur fructifiante,
la gerce lucide des déraisons ?
Et j'entends l'eau qui monte,
la nouvelle, l'intouchée, l'éternelle,
vers l'air renouvelé.
Ai-je dit l'air?
Une flueur de cadmium, avec, géantes élevures
expalmées de céruse, de blanches mèches
de tourmente.
Essentiel paysage !
Taillés à même la lumière, de fulgurants nopals,
des aurores poussantes, d'inouïs blanchoiements,
d'enracinées stalactites porteuses de jour,
O ardentes lactescences ! prés hyalins !
neigeuses glanes !
Vers les rivières de néroli docile des haies
incorruptibles mûrissent de mica lointain
leur longue incandescence.
La paupière des brisants se referme – Prélude -
Audiblement des youcas tintent
dans une lavande d'arcs-en-ciel tièdes
des huettes picorent des mordorures.
Qui
Rifle
et rafle
le vacarme, par-delà le cœur brouillé de ce
troisième jour?
Qui se perd et se déchire et se noie
dans les ondes rougies du Siloé ?
Rafale.
Les lumières flanchent. Les bruits rhizulent
la rhizule
f
u
m
e
silence !
Le ciel bâille d'absence noire !
Et voici passer
vagabondage sans nom
vers les sûres nécropoles du couchant
les soleils, les pluies, les galaxies
fondus en fraternel magma
Et la terre, oubliée la morgue des orages,
qui dans son roulis ourle des déchirures
perdue, patiente, debout
durcifiant sauvagement l'invisible falun,
s'éteignit.
Et la mer fait à la terre un collier de silence,
la mer humant la paix sacrificielle
où s'enchevêtrent nos râles, immobile avec
d'étranges perles et de muets mûrissements
d'abysse,
la terre fait à la mer un bombement de silence
dans le silence
Et voici la terre seule,
sans tremblement et sans trémulement
sans fouaillement de racine
et sans perforation d'insecte
vide,
vide comme au jour d'avant le jour…
- Grâce ! grâce !
Qu'est-ce qui crie grâce ?
Poings avortés, amassements taciturnes, jeûnes
hurrah pour le départ lyrique
brûlantes métamorphoses
dispenses foudroyantes
feu, ô feu !
Les volcans tirent à bout portant
Les villes par terre, dans un grand bris d’idoles,
dans le vent mauvais des prostitutions
et des sodomies.
Les villes par terre et le vent soufflant
parmi l’éclatement fangeux de leur chair
le rugissement excrémentiel !
Ici gît du béton l’obscure gemme aride
Ici gît sous cette cendre le dollar de la lune
borborygme
ô borborygme
de ce monde sous la cendre.
La terre ne joue plus avec les blés.
La terre ne fait plus l'amour avec le soleil
La terre ne réchauffe plus des eaux dans le creux
de sa main.
La terre ne se frotte plus la joue avec des touffes
d'étoiles.
Sous l'œil du néant suppurant une nuit
la terre saquée doucement, dérive
éternellement
La grisaille suinte à mes yeux, alourdit mes jarrets, paresse affreusement
le long de mes bras.
Moi à moi !
Fumée
f
u
m
é
e
de la terre
Entendez-vous parmi le vétiver le cri fort
de la sueur ?
La route
Oh ! la route par les doigts et le paumes
de la Mort, la route
par la soif et l’amitié de la Mort
béante comme l’amour !
la route, oh ! ma déroute
parmi les signes
parmi
les pierres…
Dieu ? comment ai-je pu oublier Dieu,
moi
roi des vastes azurs,
Dieu, je veux dire la liberté er pour ma joie
l’éternité ?
Enos ! Enos !
Mon émanation barbote dans ta mare
de sa naissance plurielle avec une
puissante volupté
Taoudéni, Taoudéni délivre-moi
d’Enos !
Des philosophies, des morales, d’inouïes tentatives d’exaltation
et d’épurement, des prières, des hosannahs, des Ninives et des
Babylones métaphysiques sur le cinabre profilent parmi un
grouillement de flammes hiéraldiquement vrillantes des renforts
basaltiques.
Mais moi homme ! rien qu'homme !
Ah ! ne plus voir avec les yeux.
N'être plus une oreille à entendre !
N'être plus la brouette à évacuer le
décor !
N'être plus une machine à déménager
les sensations !
Ah !
Je veux le seul, le pur trésor,
Celui qui fait largesse des autres.
Je veux la vie !
Fût-ce au prix de la Mort !
Homme !
Mais ce début me fait moins qu'homme !
Quelle torpeur ! ma tête stupidement
ballotte.
Ma tête rongée est déglutie par mon
corps.
Mon œil coule à pic dans la chose
non plus regardée mais regardante.
Homme !
Et voici l'assourdissement violet
qu'officie ma mémoire terrestre,
mon désir frappe aux états simples,
Je rêve d'un bec étourdi d'hibiscus
et de vierges sentences violettes
s'alourdissant aux lézards avaleurs
de soleil
l'heure bat comme un remords
la neige d'un soleil
aux caroncules crève, la patte levée,
le monde...
Ça y est. Atteint. Comme frappe
la mort brutale. Elle ne fauche pas.
Elle n'éclate pas. Elle frappe silencieusement au ras du sang, au ras
du cœur, comme un ressentiment,
comme un retour de sang.
Floc !
Médullairement
C'est bon
Je veux un soleil plus brillant et de plus
pures étoiles
Je m'ébroue en une mouvance d'images
de souvenirs néritiques, de possibles
en suspension, de tendances - larves,
d'obscurs devenirs ;
les habitudes font à la vase liquide
de traînantes algues - mauvaisement,
des fleurs éclatent.
Floc !
On enfonce, on enfonce comme dans
une musique.
Radiolaires.
Nous dérivons à travers votre sacrifice,
Refoulements enfouis ! désirs, désirs,
processionnels désirs !
D'un dodelinement de vague, je saute
ancestral aux branches de ma
végétation.
Je m'égare aux complications
fructueuses.
Je nage aux vaisseaux
Je plonge aux écluses.
Où, où, où vrombissent les hyènes
fienteuses du désespoir ?
Non. Toujours ici torrentueuses
cascadent les paroles.
Silence
Silence par-delà les rampes
sanguinolentes,
par cette grisaille et cette
calcination inouïe.
Enfin, lui,
ce vent des méplats, bonheur,
le silence
Mon cerveau meurt dans une illumination
avec de fumantes aigrettes d'or fauve
un bourrelet tiédi de circonvolution par
un ricanement de palmes strié
fond
une titillation duvetée nage, nage, nage
Brindilles, forêt, lac
aérienne une biche
Oh un vide d'incendie. Tortures
Où où où
vrombissent les hyènes fienteuses du désespoir?
Renversé sur ma lassitude,
à travers la gaze, des bouffées tièdes
irradient mon inexistence fluide
une saveur meurt à ma lèvre
une flèche file, je ne sais pas.
Frisson. Tout le vécu pétarade avec des
reprises.
Les bruits se donnent la main et s'embrassent
par-dessus moi.
J'attends. Je n'attends plus.
Délire.
Néant de jour
Néant de nuit
une attirance douce
à la chair même des choses
éclabousse.
Jour diurne
nuit nocturne
qu'exsude
la Plénitude
Ah !
Le dernier des derniers soleils tombe.
Où se couchera-t-il sinon en Moi ?
A mesure que se mourait toute chose,
Je me suis, je me suis élargi - comme le monde -
et ma conscience plus large que la mer !
Dernier soleil.
J'éclate. Je suis le feu, je suis la mer.
Le monde se défait. Mais je suis le monde !
La fin, la fin disions-nous.
Quelle sottise. Une paix proliférante
d'obscures puissances. Branchies, opacules,
palmes, syrinx, pennes. Il me pousse
invisibles et instants par tout le corps,
secrètement exigés, des sens,
Et nous voici pris dans le sacré
tourbillonnant ruissellement primordial
au recommencement de tout.
La sérénité découpe l'attente en prodigieux
cactus.
Tout le possible sous la main.
Rien d'exclu.
Le monde véritablement pour la première fois total
Et je pousse, moi, l'Homme
stéatopyge assis
en mes yeux des reflets de marais, de honte,
d'acquiescement
- pas un pli d'air ne bougeant aux
échancrures de ses membres -
sur les épines séculaires,
Je pousse, comme une plante
sans remords et sans gauchissement
vers les heures dénouées du jour
pur et sûr comme une plante
sans crucifiement
vers les heures dénouées du soir !
La fin ! Quelle sottise !
Mes pieds vont le vermineux cheminement
Pante ! Plante !
mes membres ligneux conduisent d'étranges sèves
Plante ! Plante !
Le vieil esprit de la terre passe…
Et je dis,
et ma parole est paix
et je dis et ma parole est terre
et je dis !
et
la Joie
éclate dans le soleil nouveau !
et je dis :
Par de savantes herbes le temps glisse
Les branches picoraient une paix surréelle
Et la terre respira sous la gaze des brumes
Et la terre s'étira. Il y eut un craquement
A ses épaules nouées. Il y eut dans ses veines
un pétillement de feu.
Son sommeil pelait comme un goyavier d'août
Sur de vierges îles assoiffées de lumière
Et la terre accroupie dans ses cheveux
d'eau vive
Au fond de ses yeux attendit les
étoiles…
« Dors, ma cruauté », pensai-je
L'oreille collée au sol, j'entendis
passer Demain
In, Revue « Tropiques, N°1, Avril 1941 »
Fort-de-France, Martinique, 1941
Fragments d’un poème. Le grand midi (Fin)
- Halte, halte d’auberge ! Plus outre ! plus bas ! Halte d’auberge ! l’impatient
devenir, fléchant de réveils et de fumées,
orteils sanglants se dressant en coursiers,
insurrection
se lève !
Reine du vent fondu
- au cœur des fortes paix –
gravier, brouhaha d’hier
reine du vent fondu, mais tenace mémoire
c’est une épaule qui se gonfle
c’est une main qui se desserre
c’est une enfant qui tapote les joues de son sommeil
c’est une eau qui lèche ses babines, d’eau
vers des fruits de noyés succulents,
gravier, brouhaha d’hier, reine du vent fondu…
Essaim dur. Guerriers ivres ô mandibules caïnites
éblouissements rampants, paradisiaques thaumalées
jets, croisements, brûlements et dépouillements
ô poulpes
crachats des rayonnements
pollen secrètement bavant les quatre points cardinaux
moi, moi, seul, flotille nolisée
m’agrippant à moi-même
dans l’effarade et l’effrayante gueulée vermiculaire.
Seul et nu !
Les messages d’atome frappent à même et d’incroyables baisers
gargouillant leurs errances qui se délitent
et des vagissements et des agonisements comme des lys perfides
éclatant dans la rosace et l’ensablement et la farouche occultation
des solitudes
Je bourlingue
à travers le lait tendre des lumières et les lichens et les miloses et
l’épaisse myéline
et l’éozoon
et les brouillards et les mittes de la chaleur hurlante.
Ô immense frai du jour aux yeux verts broutant des fleurs de
cervelle éclatantes
l’œil nu non sacré de la nuit récite en son opacité même le
genêt de mes profondeurs et de ma haine !
Mon beau pays aux hautes rives de sésame
où fume de noirceurs adolescentes la flèche de mon sang de
bons sentiments !
Je bourlingue
gorge tendue à travers les mystérieuses rouissements, les atolls
enroulés, les têtards à face de molosse, les levures réticentes et les
délires de tonnerre bas et la tempête sacrée des chromosomes,
gorge tendue, tête levée et l’épouvante première et les délices secrets
incendiant dans mon crâne des frénésies d’or, gorge tendue, tête levée,
à travers les patiences, les attentes, les montées, les girations, les
métamorphoses, les coalescences, l’écaillement ictérique des paysages,
futurs, gorge lourde, tête levée, tel un nageur têtu à travers les pluvieuses
mitraillades de l’ombre à travers le trémail virevoltant du ciel
à travers le ressac et l’embrun pépiant neuf
à travers le pertuis désemparé des peurs
tête levée
sous le pavois
dans le frisselis des naissances et des aubes !...
Le sang du monde une lèvre salée
vertement à mon oreille aigüe
sanglote
gréée de foudres
ses fenaisons marines.
Ô embrasement sans portulan
Qu’importe ?
Jaillissant palmier
fontaine irrésistible, ombelle,
ma
hourde
lourde
écrase
la vase
avance
et monte !
Ah cime ! demain flexible,
virgule d’eau, ma hourde lourde sans chamulque, à contre-flot
écrase la cime fine qui s’amenuise.
Ecume !
Je ne cherche plus : j’ai trouvé
L’amour s’accroche aux branches
l’amour perce les narines du soleil ; l’amour d’une dent bleue
happe la blanche mer.
Je suis la colonne du matin terrassé
Je suis la flamme juste de l’écorce brûlée ;
dans le bocage de mes cinq doigts toute la forêt debout rougit, oui,
rougit au-dessus des abîmes les cent mille pointes
des danses impavides.
Large ah ! plus large ! disperser au carrefour de mes reins les cavaleries
frappées d’amour !
broutantes fongosités
l’abîme a soufflé la bulle vivante des collines
broutantes fongosités
élan assassiné
ne partirez-vous point ?
Suivrais-je déjà les lourds chemins bis des pluies et des coxalgies ?
Mon amour sans pourquoi fait une roue de serpent tiède
mon amour sans pourquoi fait un tour de soleil blanc
mon amour aux entrailles de temps dans une désolation brusque de
sauge et de glaucome gratte sabot inquiet le bombax de la savane sourde.
M’avancerais-je caressé déjà de soleil pâle vers les ciels où mes crimes
et le long effilochement d’herbes de mes enfers colonisés luiront comme
des oreilles trépassées dans la caverne des Requiems ?
Ô oiseau du soleil aux durs becs renaissants
Fraternel minuit,
seul estuaire où bouillir ma darne indifférence
j’entends le souffle des aralies,
la creuse lumière des plages,
le tisonnement des soleils marins,
et les silences,
et les soirs chevelus aux ricanements noueux
et sur la clapotante batterie des grenouilles l’âcre persévérance nocturne !
Qui fêle ma joie ? qui soupire vers le jour ? Qui conspire sur la tour ?
Mon sang miaule
des cloches tintent dans mes genoux
Ô l’aptère marche de l’homme dans le sable hérissée.
Demain ? mais déjà cet aujourd’hui me fuit, s’effondre, muette divinité
que gorge
une lasse noyade à travers la bonace !
- Lâche, lâche soupir ! et ceinturant la nucelle de son gargouillement, la
mort, l’autre mort, lambruche aigre et vivace !
misère.
Ah ! je défaille, ce son ! Il entre par mes talons, racle mes os,
étoile rose et gris parmi le bouillonnement de mon crane.
Arrête ! j’avoue, j’avoue tout. Je ne suis pas un Dieu. Cicindelle !
Cicindelle ! Cicindelle !
Lumière Ah ! pourquoi ce refus ?
Quel ruissellement de sang !
Sur ma face.
En épaisse glu le long de mes épaules !
Ma décrépitude à genoux sanglote éperdument.
Ding !
dong !
D’incroyables sorties se précipitent ! Sur des biseaux de voie lactée
je vise le 9 qui démarre en fusée,
j’accroche la fleur foudroyée en oiseau,
j’incendie aux mille et une cloches inefficaces
le puissant tocsin de mes neuves salives.
Ding !
dong !
Tiédeur.
Souffle vireux. Morsures, caïen sanglant à travers les nécroses …
Quelque part dans le monde un tam-tam bat ma défaite,
Des tiges de lumière brute sous les machettes et dans le dérèglement
tombent.
Le soleil de la 116ème rue en d’étranges bourbiers où soufflent les
silicoses, éclot dans mon sang la sérénade des vers.
Arums d’amour
me bercerez-vous plus docile que l’agami
mes lèpres et mes ennuis ?
Tam-tams dans le sang
papayers de l’ombre
Mumbo-jumbo dur tipoyeur
Kolikombo dur tipoyeur
Kolikombo goutte de nuit au cœur jaune de pensée
Kolikombo aux larges yeux de cassave claire
Kolikombo milan de feu tassé dans l’oreille des années
Kolikombo
Kolikombo
Kolikombo
dans les tourbillonnants beuglements des cécropies…
Un panache de monde
tranquillement s’installe er parfile la pariade métallique
dans ce boulottement d’incendie. Pluie !
(je ne comprends pas car je n’ai point convoqué d’onde)
pluie
(je ne comprends pas car je n’ai point expédié mes messages
pariétaux)
pluie pluie pluie
éclatant parmi moi ses épaules électriques.
- Enos ! toute ma vie, trouverai-je aux statiques carrefours
foisonnant aux mains pâles des tremblements et des silences, ta
monarchie nocturne et ta paix violacée ?
Arrière ! je suis debout ; mon pied hihane vers de moins plats
pays !
Je marcherai plein d’une dernière et plantureuse ivresse mon or
et mes sanglots dans mon poing couchés contre mon cœur !
En avant par la gauche où bat ma chair plus cruelle que l’erigne
la nénie séduleuse – attendre
maléfiquement cornant par mon couchant sonore le bouillonnement
de sang et l’oreille fermée et le cœur mieux clos qu’une sagaie, jeter
l’ancre de nos ongles nets dans la pouture du jour !
Attendre ? Pourquoi attendre ?
le palmier à travers ses doigts s’évade comme un remords
et voici le martèlement et voici le piétinement et voici le souffle
vertigineux de la négation sur ma face de steppe et de toundra !
Je pars. Je n’arriverai point. C’est égal, mais je pars sur la route
des arrivées avec mon rire prognathe.
Je pars. Le trisme du désespoir ne déforme point ma bouche. Tant
pis pour les corbeaux : très loin jouent les pibrochs.
Je pars, je pars. Mer sans ailleurs, ô recreux sans départ
je vous dit que je pars : dans la clarté aréneuse, vers mon hostie vivace,
se cambrent des centaures.
Je pars. Le vent d’un museau dur fouine dans ma patience.
Ô terre de cimaise dénuée
terre grasse gorgée d’eau lourde
votre jour est un chien qui jappe après une ombre.
Adieu !
Quand la terre acargnardée scalpera le soleil
dans la mer violette vous trouverez mon oeil fumant comme
un tison.
Fournaise, rude tendresse
salut !
Les étoiles pourrissent dans les marais du ciel
mais j’avance plus sûr et plus secret et plus terrible
que l’étoile pourrissante.
Ô vol courbé de mes pas !
posez-vous dans la forêt ardente.
Et déjà les bossettes de mon front et la rose de mon pouls
catapultent le Grand Midi
In, Revue « Tropiques, N°2, Juillet 1942 »
Fort-de-France, Martinique, 1942
Du même auteur :
« Je retrouverais le secret des grandes communications… » (26/01/2014)
En guise de manifeste littéraire (26/01/2015)
Et les chiens se taisaient (26/01/2016)
« Soleil serpent… » (26/01/2018)
A l’Afrique (26/01/2019)
Configurations (26/01/2020)
Batouque (26/01/2021)
Idylle (26/01/2022)
Corps perdu (26/01/2023)
Rocher de la femme endormie (07/02/2024)