Georges Drano (1936 -) : « Quand j’en serai au bout de mon sillon… »
Quand j’en serai au bout de mon sillon
Et que j’aurai atteint ces hautes terres
Où tournent les oiseaux
Quand j’aurai mené à bien ma récolte
Et que j’écouterai le soir grandir
Les beaux orages des greniers
Quand je saurai qu’on ne doit pas mesurer
Son champ à l’étendue de son regard
Et son rêve à la largeur de sa main
Alors je serai de ceux qui marchent dans les prés
Avant midi en se taisant
M’arrêtant parfois sous un arbre
Comme un homme qui va crier
Sachant que le tracé de la lame sur le bois
Suffit à blesser tout le cœur des forêts
Je ne serai plus perdu dans les mouvements
D’horlogerie fine de la pluie
Et je n’aurai plus souci de m’endormir avec ma clé
Ou de monter dans le dernier étage
De la maison pour parler fort
Je pourrai enfin faire des rêves à l’année
Et m’éveiller soudain en pensant
Que tu es belle quand tu marches sous la pluie
Visage premier,
Editions Rougerie, 1963
Du même auteur : « maison plus loin que tout… » (19/02/2018)