Le pays froid
Parlez plus haut l'hiver nous assourdit
Les bruits des pas que l'on entendait hier
Au bord du lac gelé
Ne sonnent plus que dans le souvenir
Et notre vie devient une habitude triste
Derrière la paroi des vitres blanches.
La neige tombe depuis bien des semaines
Le charbon le café diminuent tous les jours
Chaque jour s'amoindrit
Le lendemain toujours est pire que la veille.
Notre mémoire même égare les réponses.
La faim le froid chassent les cerfs hors des bois
Jusque dans les rues du village
L'un s'est couché devant la croix
Bouche bée la tête à la renverse
Fauve image de notre amour.
Avez-vous entendu crier les loups le soir
Quand ils viennet rôder autour des étables?
Sous la haute cheminée le feu languit
Le chien nous regarde avec tant d'indulgence
Avec tant de pitié
Que notre coeur se serre.
Nul ne balayera les marches de l'entrée.
L'hiver s'accroit comme un jeune géant
la neige tombe le givre s'épaissit
Et nous vieillisons à mesure.
Parlez bas il n'est plus besoin de nous entendre
Bientôt l'homme de pierre ouvrira le chemin.
L’Age de craie, suivi de Hedera
Editions Gallimard, 1961
Du même auteur :
Somewhere in the world (26/06/2015)
Hedera ou la persistance de l’amour pendant une rêverie (11/11/2017)
Les filles des gobes (11/11/2018)
Mélancolie (11/11/2019)
Le plaisir et les artifices (11/11/2020)
La fenêtre du wagon (11/11/2021)