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Le bar à poèmes
16 juin 2014

André Pieyre de Mandiargues (1909 - 1991) : Le pays froid

F001883[1]

Le pays froid

 

Parlez plus haut l'hiver nous assourdit

Les bruits des pas que l'on entendait hier

Au bord du lac gelé

Ne sonnent plus que dans le souvenir

Et notre vie devient une habitude triste

Derrière la paroi des vitres blanches.

 

La neige tombe depuis bien des semaines

Le charbon le café diminuent tous les jours

Chaque jour s'amoindrit

Le lendemain toujours est pire que la veille.

 

Notre mémoire même égare les réponses.

 

La faim le froid chassent les cerfs hors des bois

Jusque dans les rues du village

L'un s'est couché devant la croix

Bouche bée la tête à la renverse

Fauve image de notre amour.

 

Avez-vous entendu crier les loups le soir

Quand ils viennet rôder autour des étables?

 

Sous la haute cheminée le feu languit

Le chien nous regarde avec tant d'indulgence

Avec tant de pitié

Que notre coeur se serre.

 

Nul ne balayera les marches de l'entrée.

 

L'hiver s'accroit comme un jeune géant

la neige tombe le givre s'épaissit

Et nous vieillisons à mesure.

 

Parlez bas il n'est plus besoin de nous entendre

Bientôt l'homme de pierre ouvrira le chemin. 

 

 

L’Age de craie, suivi de Hedera

Editions Gallimard, 1961

Du même auteur :

Somewhere in the world (26/06/2015)

Hedera ou la persistance de l’amour pendant une rêverie (11/11/2017)

Les filles des gobes (11/11/2018)

Mélancolie (11/11/2019)

Le plaisir et les artifices (11/11/2020)

La fenêtre du wagon (11/11/2021) 

 

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