Ronald Stuart Thomas (1913 - 2000) : Dans les collines galloises / The welsh hill country
Dans les collines galloises
Trop loin pour que vous voyiez
La douve, le piétin et le gros asticot
Qui sorti des petits os ronge la peau.
Les moutons paissent à Bwlch-y-Fedwen,
Disposés dans la tradition romantique
Sur arrière-plan de pierre dénudée.
Trop loin pour que vous voyiez
La mousse, la moisissure sur les cheminées froides,
Les orties traversant les portes défoncées,
Les maisons sont vides à Nant-yr-Eira,
Il y a des trous dans les toits, le chaume c’est le soleil,
Et les champs s’en retournent à la lande nue.
Beaucoup trop loin pour que vous voyiez
Ses deux yeux et la phtisie qui lui mine
Lentement la carcasse sous le veston déchiré,
Un homme cultive encore les terres de Ty’n-y-Fawnog,
Il apporte sa lugubre contribution au modèle agréé,
Un embryon de musique dans la gorge, mort
Traduit de l’anglais par Paol Keineg
In, R.S. Thomas : « Qui ? »
Editions Les Hauts-Fonds, 29200 Brest
Dans les collines galloises
Trop loin pour que vous puissiez voir
La douve, et le fourchet, et le gros ver
Qui ronge la peau sur les petits os,
Les moutons broutent à Bwlch-y-Fedwen,
Disposés dans le style romantique habituel
Sur un fond morne de pierres dénudées.
Trop loin pour que vous puissiez voir
La mousse et la moisissure sur les cheminées froides,
Les orties poussent par les portes fissurées,
Les maisons sont vides à Nant-yr-Eira,
Il y a dans les toits de chaume des trous que comble le soleil,
Et les champs retournent à la lande nue.
Trop loin, trop loin pour voir
Ses yeux enfoncés et la lente phtisie
Qui décharne son corps sous la cape déchirée,
Un homme travaille encore la terre à Ty’n-y-Fawnog,
Apportant, lugubre, au schéma accepté
L’embryon de musique mort dans sa gorge.
Traduit de l’anglais par G.Morgan et Paul Bensimon
In, « Anthologie bilingue de la poésie anglaise »
Editions Gallimard, (La Pléiade), 2005
Du même auteur :
Un paysan / A Peasant (18/06/2021)
Mort d’un paysan / Death of a Peasant (14/06/2022)
Quatre-vingt dixième anniversaire / Ninetieth Birthday (14/06/2023)
Thewelsh hill country
Too far for you to see
The fluke and the foot-rot and the fat maggot
Gnawing the skin from the small bones,
The sheep are grazing at Bwlch-y-Fedwen,
Arranged romantically in the usual manner
On a bleak background of bald stone.
Too far for you to see
The moss and the mould on the cold chimneys,
The nettles growing through the cracked doors,
The houses stand empty at Nant-yr-Eira,
There are holes in the roofs that are thatched with sunlight,
And the fields are reverting to the bare moor.
Too far, too far to see
The set of his eyes and the slow pthisis
Wasting his frame under the ripped coat,
There's a man still farming at Ty'n-y-Fawnog,
Contributing grimly to the accepted pattern,
The embryo music dead in his throat.
Song at the Year’s Turning
Rupert Hart-Davis editor, London, 1955
Poème précédent en anglais :
David – Herbert Lawrence : Renaissance /Renascence (10/06/2020)
Poème suivant en anglais :
Derek Mahon : Portrait de l’artiste / A portrait of the artist (22/06/2020)