Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le bar à poèmes
19 mars 2020

André Markowicz (1960 -) : Trois textes d'un été

Andre__Markowicz_copie_1_

 

Trois textes d’un été

 

1

 

Par quelle

           il a dit pierre

ouverte

à la volée

en deux, « le long

 du cœur » ,

la bistre frondaison des étourneaux,

                                               la stri-

dulence jaune vrille

                        et veille, la

pierre devient cailloux

disposés sur

rien, l’air

nu, tant qu’on sent le souffle

                        en soi, qu’il fait,

le sang,

battre les tempes, qu’il

            creuse le ventre pour

garder aveugle.

 

4 – 6 juillet 16

 

 

2

 

Rochers-nuages, leur

                      surplomb

vers les,

par les parois des vrais,

spirales de

lambeaux gris-violacé allant

                                     au plus compact  -

menace d’un déluge –

entraperçus, « astres épars »

du rituel de ce début de nuit –

 

on veut les croire excavés par le vent,

                                              mais à la râpe,

et nous, dessous,

face au rire du père – qui

                       « ne nous regarde pas » -

quand nous

par effraction ou par

respirations volées,

                          dardant les yeux

sur leurs couronnes de buissons

 

sablonneux, nous,

         nous précipitant contre,

« éclatons d’ignorance » -

or il ne rit pas même, la lumière

                                           orange des

projecteurs, à mesure que la nuit

les rapprochant, avance, l’apparaît

comme, sur les trois ans, se forme

avec les mots l’épouvantable

ivresse du lilas.

 

12-17 juillet 16

 

 

3

 

Comme le ciel de Pâques, les

                         bougies de ce soir-là,

cuivrées

mais une flamme droite sauf

à laisser les épaules trop

libres, les manches de la redingote

alors sont source de leur flottement –

mais pour l’assiette vide qui

            viendra, parmi les mille et mille

anéantis déjà ?

juste une assiette blanche, et leurs

yeux ne sont pas fixés dessus.

 

C’est maintenant qu’il est

venu, et pas pour les conduire

 

dehors. Un soir, imaginez

                        où les carreaux

n’ont pas tremblé, où la faim même

a été moins prégnante, grâce

              à elles, ces bougies, qui sait ?

d’un chandelier fortuit héréditaire. Nous

ne fûmes pas des ombres, nous

                                   ne pourrons pas

l’être pour qui dira, sans langue

et sans visage, ce

repas de Pâques, juste avant,

dans le sourire du silence.

3- 4 août 16

 

 

 

Revue « Babel heureuse N° 1, mars 2017 »

Gwen Catalá, éditeur, 31000 Toulouse

Du même auteur :

Trois aubes (19/03/2019)

« Laisse ton adresse... » (19/03/2021)

« Une chute lente... » (18/03/2022)

« Un sommeil haché... » (19/03/2023)

« Car le visage est... » (19/03/2024)

Publicité
Publicité
Commentaires
S
Cet être sans langue et sans visage me parle, au moins ai-je la chance de savoir un mot : son nom, plutôt leurs noms , Reuven, Dovidle, je vous connais ainsi et je peux encore vous nommer, ma mère les a vu ils étaient mes grands cousins. Vers eux mes pensées à Pessah.
Répondre
Le bar à poèmes
Publicité
Archives
Newsletter
96 abonnés
Publicité