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Le bar à poèmes
19 mars 2024

André Markowicz (1960 -) : « Car le visage est... »

 

 

Car le visage est jusqu’au bout,

                           intempestif,

et la semblance est innombrable –

                on dit : fluente. La

tendresse qu’on éprouve à regarder

un enfant se dissipe quand lui vient

                sa solitude. La

porte claque et tout tremble. J’ai

ses yeux sur moi

         qui me dénudent, me

« pardon du jeux de mots »

dévisageant, et l’âge

est en lui-même impitoyable.

 

Les yeux, la nuit,

      ils s’agglomèrent dans le souffle :

                                               ils ont

leur voix à eux, et pas

de cire imaginable pour

les éloigner. Un bruit

en tant que tel.

 

« Alors, c’est vous ? »

         dit-il, en regardant

non les yeux du visage, mais les yeux

                         dans sa mémoire du

portrait – et elle

elle est plus effrayée par ces yeux-là

que par les autres qui

             collés contre sa nuque, un jour,

seront sa mort.

Car ce visage-là lui rend visage

                                et son

apparition compassionnelle

le couteau ne pourra

             qu’en détourner

la douceur inflexible.

 

Le buisson – vu

vous brûle.

 

 

Figures

Editions du Seuil, 2007 

Du même auteur :

Trois aubes (19/03/2019)

Trois textes d’un été (19/03/2020)

« Laisse ton adresse... » (19/03/2021)

« Une chute lente... » (19/03/2022)

« Un sommeil haché... » (19/03/2023)

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